
La dernière voiture française à l’avoir emporté au Mans est la Peugeot 908 HDI FAP. Cela remonte à l’édition 2009 avec l’équipage composé de Brabham, Géne et Alex Wurz.
Les afficionados s’en souviennent encore puisque on retrouve ça et là, dans le public, quelques vestiges vestimentaires de l’épopée des Lionnes au Mans.
En fait, les voitures construites en France ne furent pas légion à l’emporter en Sarthe puisque seulement quinze voitures nées dans l’hexagone montèrent sur la plus haute marche du podium au Mans.

Matra-Simca et Peugeot trois fois, Bugatti deux fois.
Au firmament du palmarès de la ‘french touch au Mans, trois marques devenues mythiques :
Bugatti (1937-1939), Matra (1972-1973-1974) et Peugeot (1992-1993-2009).
Avec trois destins industriels fort différents puisque la première devint une référence dans le luxe, ressuscitée par le géant VW.
La seconde redevint un acteur essentiel de l’armement français, tandis que la troisième est désormais intégrée, elle, au groupe Stellantis, le cinquième groupe automobile mondial.
Pour les autres marques, on relève quand même quelques noms prestigieux, comme Alpine Renault en 1978.

Tous les autres ont disparu du paysage automobile même si ces marques ont laissé une marque indélébile dans la légende mancelle.
Mention spéciale quand même pour celle qui inaugura le palmarès : la Chenard et Walker Sport en 1923. André Lagache et René Léonard l’emportèrent en effet en ayant parcouru 2209 kilomètres en 24 heures, à la moyenne impressionnante pour l’époque de 92,064 km/h.
En 1925 la Lorraine-DietrichB3 de, de Courcelles-Rossignol parcourue, elle 2233 kilomètres juste un peu plus vite que la pionnière puisque la moyenne avoisinait là encore les 93 km/h.
A Delahaye, Talbot et Rondeau, la patrie reconnaissante !
Marque désormais un peu oubliée mais oh combien fameuse avant-guerre, Delahaye, qui réussit à résister aux assauts de la très compétitive mais fragile Alfa Roméo de Raymond Sommer et Clement Guidotti.
En 1950, ce fut l’exploit de Louis Rosier associé à son fils Jean-Louis qui défraya la chronique. Ne cédant le volant à son équipier que pendant cinquante minutes, le pilote auvergnat conduisit sa Talbot-Lagot, une monoplace recarrossée sommairement pendant le reste… soit 23 h 10 !
Le record tient toujours et ne sera jamais battu puisque les législateurs ont vite mis le holà à ce que beaucoup à cette époque, considéraient déjà comme une folie.

L’un des plus beaux exploits de la légende mancelle reste sans doute la victoire de la Rondeau M379 pilotée par son concepteur-constructeur Jean Rondeau et son ami, Jean-Pierre Jaussaud.
Même si elle était propulsée par un Ford Cosworth et une boîte Hewland, le reste de la voiture était totalement ‘made in Le Mans. Le tout face quand même à Porsche, l’une des références déjà en endurance.

Alors qui pour succéder à ces belle escadrille bleu, blanc, rouge ? La France se cherche un nouveau porte drapeau.
Qui de Peugeot ou d’Alpine pourrait reprendre le flambeau. Qui pourrait faire vibrer les spectateurs au son d’une Marseillaise tellement belle quand ce fut l’ami Johan Zarco qui l’entonna en compagnie des trois cent mille spectateurs, lors du récent Grand Prix de France Moto tout autour d’une partie du même circuit ?
Alpine ou Peugeot ?
Les deux équipes ne bénéficient sans doute pas des mêmes arguments mais à vrai dire, on sait que cette édition sera redoutable à tous points de vue…
Les deux dernières courses du Mondial d’endurance WEC à Imola et à Spa, ont démontré que rien ne serait acquis avant la toute fin de l’épreuve, tant désormais, tout ce petit monde – toutes les équipes des grands constructeurs – est proche et compétitif.
D’autant que la BOP (Balance of Performance) semble cette année fort bien calibrée.
A condition évidemment de ne pas être surpris quelques jours avant le début de l’épreuve par une étonnante révision des équivalences qui, pour l’instant semble donner satisfaction à une grande majorité des concurrents.
En performances pures, Alpine semble apte à rester dans le sillage des Ferrari. Les deux Àlpine pneumatiques opportunistes et justes, une fiabilité digne d’un vainqueur potentiel, il y a dans la bande de Philippe Sinault une dynamique intéressante.
D’autant qu’un super Fred Makowiecki est désormais très bien entouré et épaulé par Mick Schumacher et Jules Gounon, bon sang ne saurait mentir…
Juste un petit bémol sur la deuxième voiture un peu moins rapide mais qui sait, souvent au Mans, rester un peu sur la réserve lorsque les orages grondent a du bon.

Côté Peugeot, une BOP intéressante a permis de recoller au peloton. À Spa, il aura fallu un… ‘attentat du ‘’fort’’ sympathique Robin Frinjs pour faire cesser la belle prestation de la voiture de Di Resta qui s’était calé dans le sillage de l’escadre de Modène.
Les deux vaisseau amiraux de Stellantis pourraient, sur le tarmac nickel du Mans rééditer l’exploit et qui sait, prolonger, la belle embellie aperçue en 2024 qui vit une des voitures mener le bal sous la pluie.
Ces deux marques là, l’ont déjà emporté dans la Sarthe. Alpine Renault en 1978, Peugeot la dernière fois en 2009.

Bruno Famin était à l’époque chez Peugeot lors de la victoire de 2009. Désormais on le retrouve chez Alpine, où l’expérience des Sinault, Lapierre associé à celle de l’ancien patron des Lionnes grandit encore les chances des bleus de gérer au mieux les deux tours d’horloge.
Il a de quoi espérer. Même si la concurrence est évidemment des plus rudes !
Jean Michel LEROY
Photos : Willy CHANTELOUP – Thierry COULIBALY – Michel PICARD
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