PESAGE… LA COURSE FAIT MONTER LA FIÉVRE DANS LA VILLE !


Il en est des grands rendez-vous sportifs comme des grandes pièces classiques, il y a obligation du respect des règles et des rites…
Parmi ceux-ci, le pesage du Mans en est un.
Même si l’instant a perdu de sa dramaturgie, il reste un moment essentiel de la longue séquence qui s’annonce dans la ville des rois Plantagenet.
Naguère, c’était dans l’enceinte du circuit que les commissaires vérifiaient si tous les concurrents respectaient le règlement technique.
Si celui-ci a constamment évolué au fil des décennies, il n’en reste pas moins implacable.
Ils furent quelques-uns à avoir connu les pires heures de leurs vies, face parfois à des décisions terribles des hommes en charge du respect de la réglementation, au sein de l’ACO (Automobile Club de l’Ouest).
Le plus célèbre fut le gentil Luigi Chinetti, une idole mancelle pourtant – ancien vainqueur en 1949, devenu depuis patron du Team éponyme – qui, en 1975 se voyait recaler une de ses Ferrari…
Ulcéré, l’importateur de la marque italienne aux USA , lui-même sur la plus haute marche du podium de l’édition 1949, entra alors dans une colère énorme. Et il menaça du coup de retirer toute ses voitures.
Le regretté Alain Bertaud, le patron des commissaires techniques ACO, resta inflexible.
Conséquence ? Luigi Chinetti alors décida de déclarer forfait et de faire repartir ses voitures aux USA.
Il n’y eu donc pas de Ferrari du NART (North American Racing Team) cette année-là sur la piste Sarthoise au grand dam des fans de Maranello, essentiellement agglutinés, entre Arnage et Mulsanne.
Bien d’autres furent à deux doigt de ne pas être autorisé à entrer dans la danse infernale.
Avec la naissance du mondial d’endurance WEC en 201, les temps ont bien changé. Désormais, toutes les voitures ou presque ont déjà été vérifiées avant les premières manches du Championnat du monde déjà disputées (Qatar-Imola-Spa).
Les invités de l’ACO pour l’épreuve mancelle, qui se joignent au peloton des concurrents du WEC (36 voitures) eux-aussi, connaissent désormais bien la musique.
Pas de passe-droit, pas de favoritisme, pas … ou plus de copinage ! Les ‘incorruptibles commissaires techniques veillent au grain et à l’équité sportive.
Donc en plein centre du Mans sur la très minérale place de la République, une aberration architecturale des aménageurs urbains du début du XXI ème siècle, laquelle a succédé à la traditionnelle place des Jacobins, l’ACO dresse désormais annuellement son espace.
Vérifications administratives pour les équipages, techniques pour les voitures, tout cela dans une arène cernée par une foule arrivée dès l’aurore pour voir et découvrir les ‘’bagnoles des 24 Heures’’ !
Et tenter de papoter avec les pilotes qui adorent ce moment de détente pour échanger avec leurs fans.
Ne vous aventurez pas à montrer votre connaissance de l’épreuve, certains sont de véritables encyclopédies de l’épreuve qui affichent souvent un nombre impressionnant d’éditions de la course au compteur.
Ainsi René, un vétéran rencontré en ce samedi 7 juin 2025, lequel vient là depuis que le pesage a planté ses chapiteaux sur cette place.
le vieux Manceau raconte :
« On peut voir les voitures de près. C’est le seul moment de ces 24 Heures parce que, après, on ne peut plus accéder à rien … »
Et d’ajouter, lâchant :
« Moi, je ne vais plus à la course, trop cher, trop loin, trop de monde. Le pesage me suffit et je regarderais la course à la télé »
Il est vrai que pour cette édition 2025 et comme en 2024 et 2023, la course Sarthoise va se dérouler pour la troisième année d’affilée … à guichets fermés !!!
Les 350.000 billets ont tous trouvés preneurs et ce bien avant la fin de l‘année dernière et ce… des novembres !
Pourtant le René, comme chaque année, pour rien au monde, il ne raterait ce rendez-vous magique qu’est ce pesage au cœur du vieux Mans !
C’est aussi un moment privilégié pour les patrons des écuries.
Car à partir de mardi prochain 10 juin, ils seront ‘focus sur la course et ne pourront plus vraiment afficher leurs espérances, leurs angoisses, leurs humeurs…
Pendant ce moment du pesage, ils ont un peu de temps à consacrer à la presse qui sortent micros, enregistreurs, caméras et stylos (si, si, il en reste qui écrivent encore).
Moments vrais, même si ‘la langue de bois … est de rigueur, on peut confier ses espoirs, ses rêves les plus fous aussi et… s’imaginer victorieux le dimanche 15 juin !
Vincent Vosse, le patron de l’équipe WRT, la structure Belge en charge des deux BMW Hypercars mais aussi des deux GT3 Bavaroises, est évidemment très sollicité.
Ses voitures ont été vites très en forme sur ‘’son’’ circuit de Spa. Mais le Belge connait bien son Le Mans et ne tombe pas dans le triomphalisme.
Confiant :
« C’est magnifique ce moment du pesage. Pour nous, peu à peu la pression nous envahit. Les organisateurs ont fait beaucoup d’effort. »
Le patron de l’armada BMW a raison, le dispositif concocté par l’ACO permet une belle exposition même si les nombreux travaux dans les rues du centre ville, sont comme autant de chicanes pour les gros porte voitures descendus du circuit vers la place de la République.
Il ne faut pas beaucoup de temps au Wallon pour se replonger dans le vif du sujet.
« Nous aussi on a bien travaillé depuis le début de la saison. Mais au Mans on a affaire a des gens qui sont chez eux. Toyota évidemment qui a une énorme expérience de ce circuit. Et bien entendu, Ferrari qui reste sur deux victoires d’affilée et ils seront encore une fois de sérieux clients pour la gagne. »
Un de ses concurrents directs, le manager Français Philippe Sinault, le patron d’Alpine, n’est pas le moins sollicité non plus par les journalistes.
Les récentes belles performances des deux voitures ‘bleues, n’ont pas échappé aux observateurs et ceux-là veulent savoir si la catastrophe de 2024 – double abandon précoce car avant la tombée de la nuit – a été définitivement gommée…
Il lâche :
« Cette année on arrive avec plus de recul. On a derrière nous une saison complète avec cette voiture. Des tests de fiabilité ont été réalisés aussi à Motorland, en Espagne. La voiture a roulé sans ennui pendant plus de 24 heures. On a aussi beau travaillé sur la possibilité de réaliser, comme nos concurrents douze tours entre nos relais ce qui évidemment reste très important. »
Propos que confirment les deux récents podiums des Alpine à Imola d’abord, puis tout récemment à Spa !
Pas loin de là, les pilotes Alpine passent aux vérifications administratives. Ils affichent une sveltesse impressionnante.
A leurs côtés, l’ancien pilote reconverti au management chez les ‘Bleus, Nicolas Lapierre, semble heureux. Le nouveau directeur sportif de l’équipe Française leur a concocté un programme de préparation digne de celle des athlètes olympiques.
C’est désormais parti donc pour plus d’une semaine sous haute tension, très rapidement il faudra aller arpenter les treize kilomètres de l’asphalte Sarthois.
Au vu de l’impressionnante affluence, ces vendredi et samedi pour ce pesage, on peut affirmer que cette fête mancelle commence vraiment bien !
Jean-Michel LE ROY
Photos : Thierry COULIBALY – Willy CHANTELOUP
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