
Si les récentes belles performances d’Alpine, deux podiums consécutifs en mondial d’endurance WEC, respectivement à Imola puis ensuite à Spa, pouvaient laisser quelque raison d’espérer une bonne performance au Mans, il en était tout autrement pour Peugeot qui, à vrai dire continuait à tirer sa misère sur les circuits du championnat du monde d’endurance WEC.De plus une BOP (balance des performances) inexplicablement sévère pour les lionnes ne pouvait pas sortir la marque sochalienne de son marasme…
Dès la course lancée, l’un de ses pilotes, le pourtant très performant et chevronné Ecossais, Paul Di Resta commettait une grossière erreur en tentant le dépassement d’une LMP2, le contraignant à traverser le bac à graviers et à allait s’échouer – fort heureusement – sans trop de mal néanmoins, dans le mur de pneumatiques !Faute qui allait hélas déjà retarder la N°94, tandis que même si elle était dans l’arrière-sillage des voitures de tête, on voyait bien que la voiture-sœur, la N° 93, n’avait pas le tempo nécessaire à l’espérance d’une belle performance au Mans.
Des causes objectives à l’échec des françaises
Pour Alpine d’emblée, cela se passait mal lorsque la N°36, puis la N°35, reçurent – une stupide erreur des très expérimentés pilotes alors au volant ? – une pénalité pour vitesse excessive dans la voie des stands lors de la première opération de ravitaillement…Une voiture, ça pouvait être une erreur humaine, deux, c’était à l’évidence immanquablement une cause technique…Effectivement un mauvais étalonnage du limiteur d’allure, qui se révélait le responsable de cette petite faute mais malheureusement aux grands effets.
Dans un contexte aussi relevé, en fait toutes les Hypercars roulaient alors entre 3’28’ et 3’30, du coup la moindre perte de temps vous reléguait en fond de peloton, là où il très difficile, de s’extraire si vous êtes en ‘carence de performance et là, c’était le cas des Alpine en proie à des difficultés de choix pneumatiques.De plus un problème de pressurisation de batterie vint perturber l’avance de la 36, permettant ainsi de mieux comprendre pourquoi, jamais les bolides bleus ne purent reproduire leur brillante prestation de Spa.De plus une sortie de piste à Mulsanne rajouta de la difficulté à la difficulté, l’infortuné Jules Gounon se retrouva dans le bac à gravier du célèbre village sarthois.Pour rattraper le temps perdu, les pilotes Alpine devaient surpiloter… Ceci expliquant cela !Jadis on pelletait pour se sortir du piège, d’immenses tas de sable se trouvant le long des virages…Là, pour des raisons de sécurité, l’Alpine fut remise en piste par l’intervention d’un tracteur. Mais c’en était fini des espoirs d’un rapproché spectaculaire.
µPour Peugeot, les raisons objectives étaient beaucoup plus simples à saisir. Une BOP (Balance des performances) implacable avait après Spa, mis les Lionnes dans une rude situation :… Plus de poids, moins de puissance !!!Pour un proto qui déjà n’est pas franchement tip top dans la série Hypercar, d’emblée il était probable qu’une faillite sportive vînt jeter un gros nuage sur la vie de la 9X8.La relative bonne nouvelle fut heureusement la fiabilité mécanique des deux Peugeot. Des raisons subjectives sans doute
Un bon résultat au Mans est le fruit d’une alchimie complexe. La part belle en est évidemment celle réservée à l’aspect technique performance/fiabilité.Très impactés par l’aventure très décevante de 2024, la casse rapide des deux moteurs, les dirigeants d’Alpine ont sans doute été très prudents avant d’aborder l’Everest manceau en 2025.Alors que les concurrents que sont Ferrari, Porsche, Toyota pouvaient avoir un large choix de stratégies compte-tenu de la fiabilité absolue de leurs groupes propulseurs, du côté d’Alpine, on avait beaucoup moins de garantie même si désormais, les motoristes de Viry Chatillon se penchent plus systématiquement sur les groupes toujours fabriqués par Mècachrome.
Il est sans doute impossible de chiffrer le handicap induit par cette situation mais il est clair que cela doit restreindre considérablement le champ des choix tactiques et stratégiques.Alors quand quelques grains de sable ou quelques graviers viennent en rajouter, impossible d’aller jouer dans la cour des grands…Mais au final, une dixième et une onzième place, ce n’est sans doute pas ce qu’espérait Bruno Famin et son équipe mais désormais, ils savent que mécaniquement l’A 362 peut aller au bout sans crainte d’une casse irrémédiable.Comme ce fut le cas en 2024, trop vite, beaucoup trop tôt et ce avant la tombée de la nuit et quasi simultanément pour les deux Alpine …
Chez Peugeot, le mal est beaucoup plus profond. On ne sait pas quelle a été la réaction du staff devant ce que beaucoup considère comme une injustice de la BOP, (l’intelligence artificielle ne doit pas aimer les Lionnes) mais il y avait de quoi mettre en œuvre une politique de lobbying identique à celle de Ferrari, Porsche ou Toyota.Mais franchement, tout au long de cette longue semaine mancelle, on n’a pas vraiment rencontré les communicants de Peugeot en salle de presse, on ne peut pas savoir grand- chose de l’état de l’offensive de Stellantis en Endurance.On ne peut que constater qu’il ne semble pas régner une folle ambiance dans le fortin du paddock mais dans ce qui est devenu une curieuse façon de faire du sport, en vase clos, on ne peut que souffrir avec les gris et jaune.C’est sans doute un peu cette distanciation qui crée le malaise. Et fait qu’il n’y a jamais eu la moindre possibilité de parler des 9X8 …
Faire du sport de haut niveau, c’est aussi être porté par une envie collective, une vague populaire. Mais il faut savoir la créer !Trop loin de la presse et du public, Peugeot a du mal à se faire pardonner.Il y a aussi évidemment ce qui ressemble quand même à une grosse faillite sportive.Il en a fallu beaucoup moins, à une certaine époque, pour que tout cesse…Disons alors prudemment que si la situation n’est pas catastrophique, elle est quand même fort préoccupante pour l’avenir de la marque en mondial d’Endurance. Jean-Michel LE ROYPhotos : Thierry COULIBALY – Willy CHANTELOUP
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