Après une petite expérience au Mans, (au bas mot une soixantaine d’éditions en ce qui nous concernent avec l’ami Gilles Gaignault) certains observateurs savent faire le tri, entre les prétendants à la victoire.
Un ensemble de signaux qui, mis bout à bout et en perspective, ne trompe pas. Pour l’emporter dans la Sarthe, il y a des attitudes et des qualités nécessaires.
La modestie en est une incontestablement. On a vu des marques débarquer ici en voulant tout casser (le dernier en date Nissan, fut un spécialiste de cette mauvaise com) et repartir gros Jean comme devant !
Autrefois au siècle passé avant de triompher à quatre reprises d’affilée, la grande firme US de Dearborn, Ford, les premières années, paya également très cher cette flagornerie avant on l’a dit, de brillamment l’emporter.
D’autres prétentieux succombèrent eux aussi tout au long de l’histoire de la course mancelle
Cette année, en allant à la rencontre des responsables de la compétition d’Alpine, on constate vite qu’ils connaissent trop bien leur ‘’Le Mans’’ pour sombrer dans de telles erreurs de débutant ambitieux…
Il faut dire que la marque Dieppoise n’est surtout pas novice dans la Sarthe. Elle y a forgé sa légende et son histoire.
Avec les M64 et les A210 tout d’abord, des petits protos très aéro, des années soixante et soixante dix qui brillaient par leur légèreté et leurs performances sur les Hunaudières, avec une des premières ‘’grosses cylindrées Française, la 3 litres belle mais au moteur trop fragile..
Et ensuite avec la A442 victorieuse, celle des regrettés Didier Pironi et Jean Pierre Jaussaud, lauréats de l’édition de 1978.
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ALPINE CHAMPION ELMS- 2013-Paul Ricard- La joie de l’équipe ALPINE-SIGNATECH avec Nelson Panciatici-Pierre Ragues, Philippe-Sinault et Bernard Ollivier le Président d’ALPINE – Photo CB Adréani[/caption]
Il y eut évidemment une très longue disette… Mais avec l’inattendu come-back de la marque, relancée par Bernard Ollivier en 2012, sous la férule de Philippe Sinault, la firme Alpine, a vite repris le chemin du Mans !
Après pour son grand retour sur les circuits, avoir brillé en décrochant deux titres Européens en ELMS (European Le Mans Séries) en 2013 et 2014.
Peu à peu, les décideurs du Groupe Renault, auquel appartient Alpine, ont compris qu’il y avait un énorme gisement de notoriété…
Du coup désormais c’est une solide entité qui gère et administre le département sportif de la marque ‘Prémium du grand constructeur national.
Que l’on peut cette année, sans doute classé parmi les favoris…
Car si la dernière édition en juin 2024 fut catastrophique, deux casses moteurs – très tôt, trop vite – avant la tombée de la nuit, 2025 pourrait bien être celle du retour des Normands aux avant-postes.
Les récentes prestations d’abord à Imola en Italie puis ensuite à Spa-Francorchamps, ont éveillé les soupçons de la concurrence…
En effet dorénavant cette année, les ‘flèches bleues sont devenues des épouvantails pour les grosses pointures que sont le équipes Ferrari, BMW, Cadillac, Toyota et Porsche entre autres !
Dans les Ardennes Belges, seules les Ferrari ont pu mater la belle combativité des hommes de Nicolas Lapierre, l’ancien brillant pilote aujourd’hui retraité et devenu le bras droit, le lieutenant du père Sinault.
D’aucun seraient alors arrivés en Sarthe plein de confiance, avec une escouade de communicants gonflés d’éléments de langage sur la victoire quasi certaine et la nouvelle page de la légende de la marque au Mans.
Pas de ça cette semaine au Mans. La sobriété, le sérieux, la rigueur sont de mise, ce n’est point dans les gesticulations de paddock que se gagne la course.
Rester focus sur l’objectif !
« Même si la journée a pu sembler fluide, elle a en réalité été particulièrement dense, avec un programme de travail ambitieux et beaucoup d’éléments à passer en revue. »
Philippe Sinault, le patron de l’opération Française en Mondial d’endurance WEC et évidemment au Mans, tient absolument à ce que le dispositif reste totalement focus.
« Nous avons concentré une grande partie du travail dans la matinée de la journée test de ce dimanche. »
On a vu en effet des A 424 fort discrètes aux premières heures des ces essais préliminaires essentiellement destinés à parfaire les précieux réglages.
Le patron précisant :
« Notamment avec l’analyse des pneumatiques sur les longs relais. »
Voilà qui en dit un peu plus sur ce qui se met en place comme stratégie. On sait bien chez les « Bleues que cette course sera terrible. La rude empoignade de Spa n’était que les prémices de ce qui attends les concurrents samedi et dimanche prochain.
Ce sera à la puissance 10. Alors pas question de laisser la moindre faiblesse retarder l’évolution des deux autos.
Paradoxalement, le plus calme en apparence, un certain Mick Schumacher, semble être le plus enclin à aller à la bataille. En témoigne son magnifique chrono, réalisé entre deux drapeaux rouges, lors d’une séquence très courte. Le meilleur chrono Alpine étant de 3’26’’902 pour3’26’’246 à la Toyota du Néo Zélandais Brendon Hartley !
Une sacrée performance qui en dit long sur la vélocité des voitures. ‘
Philippe Sinault, ajoute et conclut:
« Nous avons réussi à boucler la majeure partie de notre programme malgré une fin de journée perturbée par deux drapeaux rouges. Ça restait le principal objectif et l’équipe a fait du bon travail pour rattraper le temps de roulage perdu. Dans l’ensemble, le bilan semble positif mais nous ne sommes pas encore entrés dans le vif du sujet. Il sera crucial de maximiser la prochaine séance mercredi puisqu’il n’y en aura qu’une avant les qualifications »
Déjà le jeune pilote Allemand – le fils de qui vous avez, l’inoubliable Michael – se projette sur une nouvelle séquence, celle de l’hyperpole qui sans doute en dira un peu plus sur le rapport des forces en présence.
Pour l’instant, comme l’ensemble de l’équipe, Mick ne veut pas précipiter les choses mais il sait bien qu’il dispose, lui et ses équipiers, d’un superbe outil avec cette voiture Française!
Une Alpine ‘ Bleue de France, désormais capable d’aller faire mille misères aux Ferrari, Cadillac, Toyota, Porsche et autres BMW !!!
Nicolas Lapierre, le directeur sportif, garde un calme tout savoyard. Il faut dire, il est vrai que ‘ Nico a presque tout connu au Mans et il sait bien que ce n’est qu’en construisant très patiemment la semaine mancelle que la conclusion heureuse arrive parfois.
Alors, comme Philippe Sinault, il pondère et remet en perspective tout son petit monde :
« Le rythme semble correct pour le moment. Même s’il est encore trop tôt pour tirer la moindre conclusion, nous semblons bien placés, ce qui est encourageant pour la semaine qui vient.»
Des propos pleins de sagesse et de mesure de la part de l’homme de Thonon les Bains, parce qu’il sait bien – expérience oblige – que tout est possible au Mans…
Mais qui aurait pu penser à la fin de l’édition 2024 que l’on pourrait placer cette équipe de France au rang des favoris de l’édition 2025?
Comme le dit et répète Gilles Gaignault, ‘ Va savoir Charles !!!
Jean Michel LE ROY
Photos Willy CHANTELOUP – Thierry COULIBALY
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