Le 30 avril et 1er mai, restent deux dates qui pour les fans du sport automobile et de la F1 en particulier, resteront invariablement des moments marqués comme ceux du week-end le plus noir que la catégorie reine, n’a jamais connu et au cours duquel, le pilote Autrichien Roland RATZENBERGER, novice en F1, ainsi que la référence de la catégorie reine à l’époque et divinité des circuits, le Brésilien Ayrton SENNA, ont payé un lourd tribut au cours du 551ème GP de son histoire et durant lequel la chronologie des incidents ne s’est octroyée aucun répit. [caption id="attachment_464197" align="aligncenter" width="600"]
F1-IMOLA- 1994 Vendredi 29 avril- L’accident de la JORDAN-SASOL de Rubens BARRICHELLO[/caption] Dès le vendredi en effet, un autre pilote Brésilien Rubens BARRICHELLO ouvrait la série, avec une sortie de piste effroyable, dont il se sortait miraculeusement avec le nez et un bras fracturés, suivi le lendemain du premier drame, dont était victime le malheureux pilote Autrichien Roland RATZENBERGER, avant d’enchainer par un crash au départ le dimanche entre le Finlandais JJ LEHTO et le Portugais Pedro LAMY, occasionnant des blessés dans le public, puis le comble de malédiction avec l’accident fatal dans la courbe de TAMBURELLO d’Ayrton SENNA, avant de clore ce dimanche 1er mai 1994, placé sous le signe de la malédiction, avec des mécanos blessés parmi les Teams Lotus et Ferrari, suite à la perte d’une roue de la Minardi du pilote Italien, Michele ALBORETO, dans la voie des stands!
Et comme pour sceller le mauvais sort de ce week-end aux allures de catalogue des horreurs, le lendemain du GP, un camion du Team Pacific Racing, la plus petite équipe de F1 et la moins nantie du plateau en 1994, prit feu sur l’autoroute au retour vers l’Angleterre !Comme quoi ce GP de San Marino 1994 était vraiment maudit d’un bout à l’autre !Seule parenthèse dans le même registre connue à ce jour : le GP de Belgique 1961, avec les Britanniques Sterling MOSS et Mike TAYLOR qui se blessent sévèrement durant les essais le samedi et leurs compatriotes Chris BRISTOW et Alan STACEY qui se tuent en course le lendemain…
DES DRAMES QUI ONT BOULEVERSÉ LA F1
Cela fait donc tout juste 30 ans, oui trois décennies déjà, que la planète F1 commémore la disparition de deux des siens au cours d’un week-end, où la triste réalité a dépassé toute imagination, si l’on se réfère à la temporalité des évènements qui s’y sont produits et en quoi certains virent même parfois un signe prémonitoire, voire mystique surtout en ce qui concerne le drame de SENNA, considéré à l’époque par d’aucuns de son immense communauté de fans … comme immortel et idolâtré comme un dieu du tarmac!On se rappellera de son inquiétude après la terrible sortie de route de son compatriote Rubens BARRICHELLO sur la JORDAN, lors des essais libres du vendredi, où envahi par l’angoisse, il alla spontanément lui rendre visite à l’hôpital.
Ou encore, le samedi durant les qualifications ou après avoir vu la SIMTEK du malheureux Roland RATZENBERGER démantibulée après un terrible choc dans le mur de protection, près de la Variante Villeneuve, suite à un bris d’aileron, il insista pour s’y rendre après l’arrêt de la séance au drapeau rouge, durant l’interruption et ce après avoir été informé de la gravité des blessures encourues, par le Professeur Sid WATKINS, le médecin de la FIA à l’époque et qui lui annonça peu après l’issue fatale du malheureux pilote Autrichien survenue à l’Hôpital Maggiore de Bologne… [caption id="attachment_464201" align="aligncenter" width="600"]
Ayrton SENNA- Son aura planera pour toujours sur la F1© Manfred GIET[/caption] Après quoi, le désemparé Ayrton SENNA se retira ensuite du paddock pour aller réfléchir dans sa chambre d’hôtel, en envisageant même un éventuel forfait de sa part au Grand Prix le lendemain 1er mai, projet cependant probablement contrecarré par les dirigeants de lécurie WILLIAMS. [caption id="attachment_464173" align="aligncenter" width="600"]
La veille du drame Ayrton lâchait à la radio ‘ YOU MISSE ME ALAIN (Tu me manques Alain)[/caption] La veille du GP, juste avant de prendre son envol lors de la séance d’essais libres, il avait encore eu un message amical à l’encontre de son ex-grand rival et équipier chez McLAREN, Alain PROST, retraité depuis fin 1993, en lançant spontanément dans le micro de la radio de bord de sa WILLIAMS :« Et pour commencer cette journée, un bonjour à notre ami Alain. Tu me manques Alain »Des paroles qui après son accident fatal du lendemain, prirent des allures de réconciliation publique entre ces deux gladiateurs des temps modernes et adversaires déclarés lorsqu’il étaient équipiers en 1988 et 1989 chez Mc Laren, mais rabibochés entretemps. [caption id="attachment_464189" align="aligncenter" width="600"]
Ayrton SENNA- 1000 Km du Nürburgring 1984- Porsche 956 de l’écurie Joest. Sa seule apparition en sport protos- Photo : Manfred GIET[/caption] Si Ayrton SENNA a toujours été avide de succès et de statistiques grâce à son immense talent, en certaines circonstances, il savait aussi montrer son mauvais côté comme en 1990, à Suzuka au départ du GP du Japon, face justement à son grand challenger Alain Prost ou encore lors d’une journée d’essais privés à Hockenheim en 1992, où face à l’arrogance sur la piste du débutant Michaël SCHUMACHER, il ne tarda pas à aller s’expliquer sans ménagement dans le stand Benetton.Son immense charisme prenait cependant toujours le dessus, ce qui l’incitait à privilégier majoritairement l’aspect humain en toutes circonstances.
Ainsi, lors d’incidents sur la piste était il toujours prêt à s’inquiéter avant tout du sort de ses confrères pilotes, comme avec le Français Erik COMAS en 1996, lors des essais du GP d’Allemagne à Hockenheim, alors que sa Ligier était partie en tonneaux dans une des chicanes du circuit, il fut le seul à s’arrêter et s’assurer que le pilote tricolore se porte bien auprès des commissaires de piste tout comme un an plus tard lors des essais du GP de Belgique à Spa-Francorchamps à la sortie de Blanchimont, où le même Erik COMAS après une sortie de piste à 300 Km/h était resté inconscient dans sa Ligier, avec le moteur au rupteur et que SENNA n’hésita pas, non sans risques, d’enclencher le coupe circuit !Le dernier geste de grand altruiste qu’il était, le triple Champion du Monde l’accompli le jour même de sa disparition, en empochant un fanion Autrichien dans sa combinaison, avec pour objectif de le brandir à la mémoire de Roland RATZENBERGER en cas de podium !Malheureusement le sort et le destin en décidèrent dramatiquement tout autrement…
Ses funérailles furent digne de celles d’un chef d’état en ce 5 mai 1994, avec plus d’un million de personnes pour lui rendre un dernier hommage le long du trajet de l’aéroport de Sao Paulo, jusqu’au cimetière de Morumbi, situé sur les collines qui dominent la grande métropole, devenu depuis un véritable sanctuaire qui ne désemplit pas et où pour arriver à sa sépulture fleurie journellement au pied d’un ipé, l’arbre national au Brésil planté à l’endroit en 1994, il faut même souvent trente ans aprés faire la queue !Si sa dépouille repose au cimetière de Morumbi, celui que l’on surnommait ‘’MAGIC’’ et qui par son esprit de perfection et de bienveillance avait inspiré toute une génération, reste toujours bien présent dans beaucoup de mémoires aux 4 coins du globe, mais surtout dans son Brésil natal, où un véritable lien perdure au-delà de sa mort à travers sa fondation patronyme, initiée conjointement avec sa sœur Viviane SENNA-LALLI, deux mois avant sa mort et devenue active en juillet 1994, avec comme objet de venir en aide aux populations Brésiliennes défavorisées et particulièrement aux enfants les plus démunis pour leur permettre de bénéficier d’une instruction de haut niveau afin d’être suffisamment armés pour affronter plus sereinement les obstacles de la vie courante.En trente ans, cette institution a permis à plus de 26 millions d’enfants et de jeunes d’en bénéficier ! [caption id="attachment_464198" align="aligncenter" width="600"]
Roland-RATZENBERGER- ©-Manfred-GIET 30 avril 2024[/caption] Si la légende de celui qui par sa passion et sa détermination était devenu un mythe reste intacte après 30 ans, le souvenir de Roland RATZENBERGER ne sera pas oublié pour autant en ce dernier jour d’avril, puisque à Salzbourg des commémorations sont prévues tout comme à Imola, aux dates respectives ainsi que lors du week-end du prochain GP d’Emilie Romagne, le week-end du 18-19 mai prochain, où un vibrant hommage leur sera rendu.ROLAND, IL A RÉALISÉ SON RÊVE…
Quant à l’autre victime de ce sinistre week-end d’Imola en Emilie Romagne, le pilote Autrichien Roland RATZENBERGER, originaire de Salzbourg, la cité de célébrités comme Mozart (célèbre compositeur),von Karajan (célèbre chef d’orchestre) ou du mathématicien et physicien Doppler (célèbre pour avoir découvert l’effet Doppler en physique), s’il était nettement moins connu que SENNA, il n’en reste pas moins qu’il brillait par son charisme, sa simplicité et sa grande dose de talent.Passé par pratiquement tous les échelons du sport automobile, à commencer par le karting, la Formule Ford, où il a remporté le très sélectif et prisé Formule Ford Festival de Brands-Hatch en 1986, la F3 Allemande, Autrichienne et Britannique, la F3000 en Europe et au Japon, les Championnats de voitures de Tourisme Allemands et Anglais et les voitures de sports-proto en endurance au Japon et au Championnat du Monde, en 1994, il réalisait enfin son rêve de piloter un jour en catégorie suprême, la F1! [caption id="attachment_464194" align="aligncenter" width="600"]
F1-30-AVRIL-1994-Roland-RATZENBERGER-dans-le-stand-SIMTEK-a-IMOLA[/caption] Lui qui provenait d’une famille modeste, grâce aux bons résultats engrangés au Pays du Soleil Levant, en tant que pilote d’usine chez SARD TOYOTA, avec notamment des victoires aux 1000 Km de Fuji en 1990 et de Suzuka en 1991, il avait accumulé un petit pactole qui ajouté à la générosité de quelques sponsors, lui avaient permis de trouver un volant quasiment à l’improviste au sein de la très modeste petite écurie Britannique SIMTEK de Nick WIRTH, ce qui pour lui à cette époque, suffisait largement à son bonheur pour réaliser son rêve depuis toujours, piloter un jour en catégorie reine de son sport favori, la Formule 1.Son papa Rudolf, aujourd’hui fringant nonagénaire et avec qui nous avons gardé des contacts nous dira un jour que son fils Roland a prononcé le mot ‘’AUTO’’ avant celui de Papa ou Maman !Contre la décision de leur fils, l’ainé d’une fratrie composée de deux autres sœurs, d’entamer une carrière en sport automobile après des études d’ingénieur, ils ont toutefois dû se faire à l’idée rapidement que leur fils n’était épanoui qu’à partir de l’instant où il pouvait se défouler à un volant.Pas spécialement attirés par les sports mécaniques, les parents RATZENBERGER vécurent le drame de leur fils un peu par hasard.Rentrés d’un long voyage de vacances au Mexique en ce 30 avril 1994 et encore sous l’effet du décalage horaire, Rudolf RATZENBERGER, proche de la retraite après une carrière auprès d’une Caisse de Pension et pas trop mordu par les sports moteurs, en zappant sur sa TV, était tombé par hasard … sur la retransmission des essais qualificatifs du GP de San Marino sur la chaîne EUROSPORT, où John WATSON, l’ancien pilote F1 et commentateur, relatait l’accident dont venait d’être victime son fils. [caption id="attachment_464196" align="aligncenter" width="600"]
F1-1994- 30 avril- le drame de Roland RATZENBERGER[/caption] Ne maîtrisant pas bien l’anglais, il comprit cependant rapidement ce qui venait de se passer en voyant une image avec son fils ne bougeant pas dans le cockpit après l’impact.« C’était comme s’il était en train de dormir et de suite j’avais compris qu’il était mort. Une image que je n’oublierai jamais’ » dira-t-il par la suite après une longue période de deuil et avoir quelque peu récupéré du drame qu’il venait de vivre et qui a marqué la famille RATZENBERGER pour toujours.Arrivé au bout de son rêve, avoir atteint le pinacle du sport auto à l’aube de la saison 1994, celui-ci n’aura en tout et pour tout malheureusement duré que 53 jours .Et comme n’oublient pas de le rappeler Rudolf et Margit, les parents RATZENBERGER, qui depuis habitent la maison que leur fils Roland avait acheté deux semaines avant sa mort tragique dans un quartier résidentiel près du centre de Salzbourg, leur seule consolation reste qu’il soit mort heureux comme le rappelle la mention ‘’Il vivait pour son rêve’’ inscrite sur la plaque commémorative posée sur sa tombe au Cimetière Maxglan à Salzbourg.
Depuis ce dramatique week-end d’Imola ‘94 et l’accident dont fut victime l’autre pilote Autrichien Karl WENDLINGER, aux essais du GP de Monaco deux semaines plus tard et dont il allait s’en tirer miraculeusement après quelques semaines de coma, la F1 a heureusement beaucoup changé grâce aux mesures de sécurité imposées tant au niveau des voitures que des circuits suite à la prise de conscience déclenchée par cette série d’évènements tragiques.Mais le risque zéro n’existe pas et le dramatique accident survenu au GP du Japon 2014 au grand espoir Français Jules Bianchi, est bien la pour nous le rappeler :MOTOR RACING IS DANGEROUS… RIP Ayrton et Roland, on ne vous oublie pas ! Manfred GIET-Photos : Publiracing Agency[caption id="attachment_464190" align="aligncenter" width="600"]
Tamburello- L’endroit où Ayrton SENNA a trouvé la mort régulièrement fleuri © Manfred GIET[/caption][caption id="attachment_464199" align="aligncenter" width="600"]
AYRTON SENNA-HOMMAGE DE LA SCUDERIA FERRARI[/caption]]]>









