Un sacré tandem, la paire Guy Ligier-Tico Martini- Photo : Gilles VITRY[/caption] Tico Martini fête en ce vendredi 6 décembre 2024, ces 90 printemps!L’histoire des Automobiles Martini est avant tout celle d’un homme : Tico Martini, d’un Circuit: celui de Magny Cours et aussi d’une École de Pilotage : l’École Winfield de Magny Cours. [caption id="attachment_439399" align="aligncenter" width="753"] Avec les mecaniciens ´hors Norme … Michel MALLIER et Daniel CHAMPION[/caption] Inamovible pilier du Circuit de Magny Cours et ce depuis qu’il y débarqua un beau jour au début de l’année 1963, Tico Martini est «LA » figure emblématique de la piste Nivernaise.Pourtant rien absolument rien, ne le prédestinait ni au Sport Automobile, ni à devenir lui le jeune Italien à fabriquer des voitures de course, au fin fond de la France profonde ! [caption id="attachment_175062" align="aligncenter" width="461"]
Tico-Martini dans son atelier de MAGNY COURS – Photo : AutoNewsInfo[/caption] Alors tentons de remonter en sa compagnie l’album de cette vie intense et passionnante qu’il mène depuis près d’un demi siècle.«Je suis né le 6 décembre 1934 à Pigna un petit village niché dans les collines de la Ligurie et qui surplombe et domine Bordighera. Mon père Giulio y exerçait le métier de Maître d’Hôtel dans un grand Palace de la Riviera Italienne cependant que Caterina ma mère tenait la demeure familiale. Mais à la fin des années 20, il est parti faire les saisons à l’Île de Jersey. Et lorsque la Seconde Guerre Mondiale a éclaté nous sommes partis le rejoindre et nous installer dans cette île où la vie était plus reposante, plus paisible et agréable… J’y ai d’ailleurs vécu jusqu’en 1963.»
En réalité comme Tico voulait devenir mécanicien automobile, ce souhait lui était interdit à Jersey. D’où sa décision de retourner en Italie où il va faire une escapade qui durera trois ans entre 1952 et 1955. Et ce afin d’apprendre le métier de mécanicien.Dans l’Île Britannique un émigré italien à cette époque ne pouvait ‘bosser’ que dans l’hôtellerie car il y avait des restrictions pour travailler dans d’autres secteurs d’activités… comme la mécanique !Une fois sa formation terminée, Tico décide malgré tout de revenir à Jersey. Et comme la loi n’avait pas changée, il devient Barman – Maître d’Hôtel. Avec ses premiers salaires, en tout bon italien passionné par l’automobile, il se paie sa toute première voiture de course : une Cooper 500 Racer, équipée d’un moteur Jap.Et c’est à ce moment-là que sa vie va basculer et complètement changer :« En disputant mes premières compétitions sur la plage de Jersey et dans les courses de côte, j’ai rencontré effectivement Bill Knight, un promoteur immobilier qui courrait lui aussi. J’ai rapidement sympathisé avec cet ancien officier, pilote d’un Bombardier Lancaster à la RAF. Il avait deux fils, Richard et Mike, lesquels devaient avoir onze et douze ans. Et qui étaient déjà des accrocs de la course. Nous disputions environ cinq épreuves chaque année. »Au fil du temps, ils finissent par devenir de bons et proches amis. Et lorsque Bill Knight construit en 1960 une piste de Karting à Jersey, tout naturellement il propose comme la loi a enfin changée à Tico d’y travailler et d’abandonner le monde de l’hôtellerie. Le jeune homme ne se fait pas prier.Pour le jeune italien, c’est son rêve qui se réalise et devient enfin réalité. Mieux même puisque l’année suivante le père Knight ouvre une autre piste mais dans l’Île de Majorque, aux Baléares. En ce temps la, les Baléares étaient considérées comme le paradis. Comme les Maldives ou Maurice de nos jours.« Bill m’a d’ailleurs envoyé là-bas pour mettre en route son affaire. »Pendant ce temps, Mike l’aîné des garçons Knight s’inscrit à l’École de Pilotage monté par Jim Russell. Et sur les conseils de Gérard Crombac, un journaliste connu dans le milieu automobile et rencontré à Goodwood, envisage de l’exporter en France. Les deux frangins Knight ayant réussis à convaincre Jim Russell, décident donc d’ouvrir une filiale de l’école en France.Et l’ami ‘Jabby’, toujours lui, de les orienter vers un petit village nivernais au doux nom de Magny Cours, où un certain éleveur de bœufs charolais, dénommé Jean Bernigaud, venait tout récemment de construire un petit Circuit automobile.Finalement, l’affaire est conclue et l’École Jim Russel dirigée par les frères Knight s’installe à Magny Cours. En février 1963. Les monoplaces sont des Lotus 18. Et c’est l’ancien pilote, Henry Morrogh, qui en devient le premier directeur.Mais les voitures manquant de fiabilité tombent souvent en panne. Et en octobre 1963, Bill Knight demande à Tico de les aider et de superviser sur place le matériel. Quelques mois plus tard, Morrogh a fini par démissionner pour s’installer aux USA où il a monté sa propre école.Tico s’en souvient parfaitement : « Du coup, Bill m’a dit. Il n’y a aucune solution pour poursuivre que celle de t’installer définitivement à Magny Cours. Tu restes pour diriger l’École. C’était un peu un rêve même si je me retrouvais au milieu de nulle part, dans un coin totalement perdu »
Photo : Jean Pierre CROUIN
Finalement le jeune Italien émigré à Jersey se plaît et va tout compte fait faire sa vie à Magny Cours. Il rencontre Christiane, une fille de Nevers en 1966. Ils auront deux fils, Éric qui est aujourd’hui responsable de l’École Porsche chez Oreca. Et Alain.Et comme il le dit très bien :« Je suis toujours resté là et cela dure maintenant depuis 55 ans tout de même. C’était mon destin ».Pour en revenir à l’École, Mike Knight a débarqué cette même année 1966 pour l’épauler et s’occuper de la gestion car l’affaire devenue École Winfield en 1965 en souvenir du prénom de la grand-mère maternelle du père Knight prenait de l’ampleur et Tico ne parvenait plus à tout faire : Directeur – Moniteur – Mécanicien !Entre temps l’École de Magny Cours avait, grâce encore une fois à Gérard Crombac crée son volant, financé par la compagnie pétrolière Shell et récompensant le meilleur élève. Le tout premier lauréat fut un normand : Jean Pierre Jaussaud, sacré en 1963. Allaient suivre plein de futurs Champions, dont le regretté et inoubliable François Cevert.Shell se retirant, c’est la firme Elf qui prit le relais en créant le Pilote Elf, succédant ainsi au Volant Shell, l’ultime vainqueur en fut Patrick Langlois en novembre 1973. Dont le parrain François Cevert venait de trouver la mort quelques semaines auparavant le samedi 6 octobre à Watkins Glen, aux USA. Du coup c’est le célèbre nageur Michel Rousseau qui officia. Et c’est l’Orléanais Yves Le Strat qui remportera le premier pilote ELF en 1974.Auparavant, Tico lassé des ennuis successifs et permanents du parc auto de l’École composé de Lotus 18 et des Merlyn après avoir obtenu l’accord de Mike décidait de créer ses propres monoplaces. Ainsi naissait en 1968, la Société des Automobiles Martini.En réalité Mike avait proposé fin 1967 à Tico de concevoir une monoplace de la tester et en fonction de ses performances de passer à la fabrication d’une première petite série de cinq autos. Dont une, en version F3 !Les performances au cours de la Saison 1968 avec Étienne Vigoureux et aussi la fiabilité étant là, Mike à donc dit OK. Est ainsi apparue la toute première réalisation de Tico Martini, la MW1 pour Martini Winfield. Cette même année est créée la Formule France qui constitue un créneau idéal.C’est en 1970 qu’apparaît la toute première MK pour Martini-Knight : la MK 4, une Formule France. Laquelle remporte le Championnat de France avec François Lacarrau. C’est le début d’une incroyable et formidable réussite.Car le succès est là. Pourtant l’homme de l’art reste par passion malgré tout moniteur chez Winfield jusqu’à la saison 1975. Il faut dire que l’entreprise Martini lui prenait de plus en plus de temps. Mais du bon temps. Car ses créations ne cessaient de briller un peu partout sur tous les circuits Français mais aussi et surtout sur toutes les pistes Européennes.En Formule France d’abord puis plus tard en Formule Renault. En Formule 3. Puis en Formule 2. Dès 1969 les Martini obtenaient la consécration, l’ancien coureur à pied le regretté Jean Luc Salomon- ami du grand Michel Jazy multiple Co-Recordman du Monde – ayant brillamment réussi sa reconversion en devenant fin 1969 Champion de France de Formule France.Hélas pour lui, il trouvera la mort en 1970 sur le Circuit des Essarts à Rouen. Il est enterré d’ailleurs au Cimetière de Magny Cours. [caption id="attachment_175067" align="aligncenter" width="600"]
Avec Hugues de Chaunac à la création d’ORECA




Gilles GAIGNAULT
Photos : Gilles VITRY-Emmanuel LEROUX-AutoNewsInfo – Jean Pierre CROUIN
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CLASSIC-DAYS-2011-50 ANS du circuit de MAGNY-COURS-2-MAI-2011-Jacqueline-BERNIGAUD-Max-Mamers-Benoît-Abdelatif-Marcel-Charmant-Tico-Gilles-Gaignault-Photo : Emmanuel LEROUX-AutoNewsInfo[/caption]]]>