Une page de ma vie se tourne avec l’album de notre aventure commune avec Philippe. Je n’oublierai jamais notre folle passion commune pour tenter de le voir arriver et débuter en F1 et ce après avoir vécu de très belles années en F2 et ensuite en F3000.L’opportunité offerte par Renault de rouler avec une 3éme monoplace lors du Grand Prix du Portugal le dimanche 21 octobre 1984, nous semblait à l’époque, le début d’une nouvelle histoire, d’une possible aventure, de notre rêve commun.Et puis la porte des Grands Prix, s’est soudainement ouverte au cœur de l’été 1985, le dimanche soir 18 août, à l’issue du GP d’Autriche à Zeltweg. Ce soir là, à Obdach chez Eva, l’auberge qui recevait chaque année l’écurie Ligier, le père Guy est venu me voir m’expliquant, ‘Gilles je sais qu’avec ton beau-père vous cherchez un volant pour Philippe. J’ai décidé de congédier Andréa (de Cesaris) – lequel venait de se faire une nouvelle sortie de piste, s’offrant une belle série de tonneaux-Me précisant : Et le prochain GP à Zandvoort sera son dernier chez Ligier. Si vous pouvez me garantir 3 millions de francs pour la fin de saison (5 courses avec dans l’ordre Monza-Spa-Brands Hatch-Kyalami et Adeläide en Australie) le volant sera pour Streiff.En pleine vacances, Le GP de Hollande étant proche dés le 25 aout, la semaine suivante… il y avait le feu et avis de tempête !!!!J’ai réussi à convaincre mon beau-père Pierre Blanchet, Président du Groupe Blanchet Locatop HP, de se déplacer à Zandvoort. Philippe pilotait avec talent l’AGS de F 3000, série qui se déroulait parfois, comme à Zeltweg et à Zandvoort, en lever de rideau des GP de F1.Et le samedi soir aprés l’épreuve de F3000, où l’ami Streiff, avait une fois encore brillé, comme en Autriche face aux Ralt-Honda, nous nous sommes retrouvés au dîner au très chic Hôtel Bowes, avec Guy Ligier et le Président de la FISA – devenu FIA – et aussi de la FFSA, Jean-Marie Balestre. Et au terme de ce repas, l’accord a été trouvé et entériné.Signé trois jours plus tard dans les locaux de Ligier à Abrest, prés de Vichy dans l’Allier. Et le vendredi 6 septembre, Philippe était bien installé dans le baquet de la Ligier N°25, pour les premiers essais du GP d’Italie à Monza.Nous avions accompli notre mission… celle de rouler en GP de F1. Notre rêve commun. Philippe se classant à une honorable dixième place pour son premier GP avec Ligier. La suite, Philippe terminera toutes ses courses et conclura brillamment la saison, avec sa troisième place sur le podium du 1er GP d’Australie à Adeläide. Que nous irons fêter avec nos femmes à … Tahiti!Avant ensuite de retrouver Didier Pironi a Miami, pour suivre une semaine durant mon ami Jean Pierre Fruitier, seul pilote Français inscrit au Championnat du monde Offshore, a Key West avec son Rocky-Euromarche.Auparavant Ligier et Renault ayant déclarés forfaits – à la demande du Président Mitterand – au GP d’Afrique du sud de Kyalami pour cause de l’Apartheid, mais toutes les autres équipe y étaient bien présentes, du coup, j’avais négocié avec Jacky Stewart et Ken Tyrrell pour faire rouler Philippe.Le second pilote Tyrrell, l’Allemand Stefan Bellof, s’étant malheureusement tué au volant de l’une des Porsche 956, à Spa, lors de la manche Belge du Championnat du monde d’endurance. Drame survenu avant le GP de Brands Hatch de F1, le 6 octobre, d’où la présence dans ce GP d’Europe – qui a vu Alain Prost devenir Champion du monde pour la 1ére fois – sur la grille de départ de la seule Tyrrell du Britannique Martin Brundle. Nous avions convenu avec Jacky de régler à Ken pour Kyalami, l’équivalent de la cote part d’un cinquième du contrat Ligier. Cette année 1985 aura été la conclusion du début d’une sacrée aventure puisque Tyrrell recruta et enrôla Philippe Streiff pour les deux saisons suivantes (1986 et 1987) Et en 1988 Philippe retrouve la petite équipe AGS arrivée entre temps en F1… Un autre rêve du coté de Gonfaron pour Henri Julien! Hélas transformé en cauchemar le 15 mars 1989 avec le terrible crash de Jacarepagua à Rio de Janeiro. Accident dramatique pour Philippe… devenu tétraplégique. Et les mois suivants en allant lui rendre et quotidiennement visite aux Invalides d’abord, puis à Menucourt et enfin à Kerpape, je me suis souvent reproché d’être intervenu avec force auprès de mon beau-père pour le persuader d’aider Philippe Streiff et lui permettre son accession à la F1!!!Et même si nos routes s’étaient séparées, j’ai vraiment beaucoup de chagrin et une immense tristesse et le cœur qui saigne …Philippe nous a donc quittés ce 23 décembre 2022. Quelque part, eu égard à ses souffrances, je me dis que c’est peut-être une délivrance pour lui et ses proches… Gilles GAIGNAULTPhotos : Bernard BAKALIAN SOUVENIRS DES MASTERS KART DE PARIS BERCY
GP AUSTRALIE NOVEMBRE 1985

