À Pile et Face.
Changer, tout le monde n’a que cela en tête mais changer pour quoi ?
Depuis près d’un siècle, le monde automobile n’a fait que très peu d’infidélités au pétrole mais en quelques années, la fée électricité est venu relancer la course à l’innovation. Au-delà du carburant, la mobilité est en train de se réinventer en ne pensant plus, moyen de transport standardisé, mais usages personnalisés. Ainsi l’urbain, le péri-urbain, le rural, le jeune, le senior… ne sont plus des automobilistes mais des citoyens du monde qui consommeront le déplacement comme on consomme une série TV. sur ‘Netflix’. Alors pour répondre à ses usages et à l’urgence écologique, il est nécessaire de diversifier le ‘mix’ énergétique de nos véhicules car la voiture électrique n’est pas encore faite pour tout le monde et le «bon vieux V8» sera vite réduit aux balades du dimanche. C’est là que l’Hydrogène revient dans la course. [caption id="attachment_332859" align="aligncenter" width="600"]
HYDROGÈNE, MYTHE OU RÉALITÉ ?
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FIN DU RÊVE, RETOUR À LA RÉALITÉ…
Depuis le grand show de GM., d’autres constructeurs ont emboîté le pas. BMW, Hyundai, Toyota et même Renault avec un Kangoo ZE Hydrogen prévu à l’été 2020. Tout semblait fait pour que l’hydrogène s’engage sur l’autoroute du succès. Mais c’était sans compter sur le conservatisme des pétroliers, les coûts faramineux de développement et, qui l’aurai cru, le trublion Elon Musk (encore lui) qui avec sa marque Tesla à mis au centre du jeu la voiture électrique reléguant la pile à combustible au statut de fantasme de techniciens. En dix ans, les véhicules à batterie ont été un coup de frein si brutal pour les piles à combustible que même les grands groupes se détournent de cette technologie. Lors de sa Conférence annuelle du 12 mars 2019, le PDG. de Volkswagen Herbert Diess répondait à une question du Journal ‘Die Welt‘ sur l’abandon de hydrogène par VW. : « Il n’y a pas d’alternative à la voiture à batterie pour les décennies qui viennent » Avant de lâcher : « Nous devons prendre une décision maintenant. Nous ne pouvons plus débattre d’ouverture technologique, cela n’aidera pas, nous devons changer de système. Je pense que le temps du débat est terminé, la situation est claire : les objectifs climatiques ne peuvent être atteints qu’avec les véhicules électriques… L’hydrogène est moins efficient.» Malgré cela, y a-t-il un avenir automobile pour cette technologie ? L’Europe croit en l’hydrogène… et se donne les moyens de réussir. Le sujet n’a pas encore été évoqué ici, mais d’où vient l’hydrogène ? Aujourd’hui cette énergie dite verte provient, dans sa quasi-totalité, du gaz naturel. Une méthode d’extraction qui produit de l’hydrogène et… du CO2 (capté puis exploité dans l’industrie) Derrière le mirage de l’écologie se cache pour le moment la réalité de l’exploitation des ressources carbonées pour faire rouler nos voitures vertes. Mais ne soyons pas pessimistes. L’Europe a pour cet élément chimique de grands projets. Effectivement il existe une autre méthode de production par la lise de l’eau. Pour résumer, les molécules H2O sont soumises à une importante énergie électrique lors d’une électrolyse. Cette énergie va dissocier la molécule d’eau et permettre de récupérer le l’oxygène O2 et du dihydrogène H2. Aujourd’hui cette procédure est particulièrement énergivore et consomme de l’électricité produite depuis le nucléaire ou des centrales thermiques au gaz, pétrole ou charbon. Or depuis des années, se pose la question des énergies renouvelables et de leur problème majeur, le rendement utile. Concrètement, une éolienne ne produit de l’énergie que lorsqu’il y a du vent mais le vent fait ce qu’il veut. Autrement dit, contrairement à une centrale nucléaire ou thermique, les énergies renouvelables n’adaptent pas leur production à la demande du réseau. Ainsi une grande partie de l’énergie produite pas ces générateurs verts est inexploitée. La vision de l’Europe est d’utiliser l’hydrogène comme unité de stockage. Concrètement et schématiquement, quand une éolienne produit plus d’énergie que le besoin du réseau, cette énergie sert à produire de l’hydrogène. Deux intérêts à cela, une production accrue induisant la baisse des prix du kilogramme de l’hydrogène et la production d’une énergie véritablement renouvelable quasiment inépuisable. L’ensemble de la stratégie énergétique de l’Europe sur ce sujet a été dévoilée et actée début juillet dans le plan Hydrogen Strategy qui dévoile un plan 2020-2050 visant à produire 700.000 tonnes d’H2 vert d’ici à 2030. Pour cela les états vont investir massivement notamment la France et l’Allemagne avec près de 10 Milliards chacun. [caption id="attachment_332862" align="aligncenter" width="600"]
BILAN
Il est toujours difficile de lire l’avenir. Qui aurai cru il y a 20 ans que les voitures à batteries seraient la technologie la plus prometteuse de la décennie 2020 ? Pour l’anecdote, lorsqu’en 2005 j’ai présenté un dossier sur les alternatives au pétrole à l’horizon 2035. Le jury de scientifiques de l’époque m’avait ri au nez en disant que le pétrole serait indétrônable pour au moins un siècle encore. Il est clair aujourd’hui que les alternatives vont être nombreuses. L’intérêt de l’hydrogène sera sûrement pour les gros véhicules routiers car le plein des réservoirs est rapide et l’autonomie entre 500 et 700 Kms aujourd’hui. Même si le prix d’un plein de 6 Kg se facture environ 75 €, les prix sont amenés à baisser à hauteur que la demande augmentera. Le moteur à hydrogène parviendra-t-il à se faire une place durable et rentable dans le paysage automobile ? Y répondre est périlleux, mais force est de constater que les états et les constructeurs mettent en œuvre une véritable stratégie de conquête visant à limiter l’impact sur l’environnement mais aussi, et on le dit moins, à donner à notre vieux continent une indépendance énergétique accrue vis à vis des pays producteurs de pétrole, de gaz ou d’uranium. Comme le Général De Gaule à voulu le Nucléaire dès 1945 pour faire de la France un pays véritablement indépendant, l’Europe semble vouloir l’hydrogène. Si l’avenir n’est pas tous vert, il ne sera pas tout noir non plus.Alexis THOMAS
Crédits Photos : “Hippomobile” by Étienne Lenoir , c. 1860, contemporary depiction, published in Le Monde illustré (June 16 th , 1860) – General Motors Hy-Wire – BMW X5 I-Hydrogen concept – Station Hydrogen Paris
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