24 Heures du Mans. ELMS (European Le Mans Séries). ALMS (Américan Le Mans Séries). WEC (Championnat du monde). Asian Le Mans Séries.
Autant d’épreuves et de Championnats au sujet desquelles, on se pose bien des questions.
Mais où va l’Endurance ?
Toyota vient d’officialiser son programme 2013. Et, contrairement à certaines espérances, après la superbe prestation de 2012, marquée par trois superbes victoires en Championnat du monde, où la firme Japonaise effectuait son grand retour dans la discipline, après de très nombreuses années d’absence, il n’y aura finalement pas d’armada Toyota, ni en Championnat du monde d’endurance. Ni, non plus au Mans !
Une seule voiture engagée en WEC, deux aux 24 Heures du Mans, c’est le même programme que l’an passé.
Audi annonce deux autos pour débuter aux USA aux très réputées 12 Heures de Sebring. Puis deux en WEC et trois au Mans, tandis que Honda semble remettre aux calendes grecques son débarquement en Sarthe.
Une seule voiture, la HRD de l’équipe Britannique Strakka sera de toutes les dates mondiales en 2013.
Restent les deux très belles Rebellion – peut-être, écurie toujours toujours fidèle elle.
Cela fera donc en WEC, cinq, peut-être six LMP1, c’est peu, très peu.
La faute sans doute à un règlement finissant. Mais aussi à une crise qui frappe durement les écuries privées et les Teams indépendants.
Si l’on en croit les communiqués émanant des organisateurs du WEC, tout va bien dans le meilleur des mondes.
Le label FIA, si magique, devait faire déferler sur la Sarthe et sur les circuits du Championnat mondial, des remorques entières de voitures d’usine.
Les dirigeants de l’automobile, éblouis par l’aura retrouvée de l’Endurance, auraient décidé d’investir à qui mieux mieux, dans une discipline enfin remise à sa vraie place.
Juste à côté de la F1.
Hélas après une première année d’existence, il n’en est rien et les dernières nouvelles des états majors ne sont guère propices à dégager un enthousiasme démesuré. !
Car, il se pourrait fort bien qu’il y ait moins de concurrents cette saison que l’année dernière ! Laquelle marquait le renouveau de ce championnat à label mondial FIA…
Globalement, en LMP1, le WEC accueillerait donc à l’année cinq prototypes, deux Audi (trois à Spa), une Toyota (deux à Spa), et ce en vue de préparer Le Mans une sure, voire deux Rebellion et une HRD.
A moins de très bonne surprise de dernière heure, on en saura plus le 1er février où la FIA et l’ACO dévoileront conjointement le plateau à Paris, ce sera tout et il y a fort à parier que rien ou pas grand chose ne viendra augmenter ce tout petit cheptel.
Les raisons de cette maigreur sont multiples.
Certaines liées bien entendu à la crise et à la conjoncture qui s’éternisent.
En plus de quarante ans de sport automobile, nous avons toujours entendu quelques explications oisives souvent liées à la crise.
Elle serait globale, diffuse, impossible à appréhender. Il y eu la pétrolière, la réglementaire, la politique après 1981, la financière…
Au fil des ans et des décennies, des crises succèdent aux crises, avec quand même des hauts et des bas pour le sport auto en général et l’endurance en particulier.
Il serait temps quand même de rendre à la crise, ce qui lui appartient et tenter d’aller plus avant sur la réflexion quand aux raisons qui aujourd’hui, font que l’Endurance, n’aille pas si bien que certains voudraient l’affirmer.
Passons sur les équivalences diesel-essence qui ont rempli les colonnes de tous les journaux et sites spécialisés. Toyota a démontré qu’avec un travail intelligent des bureaux d’études et un investissement industriel conséquent, il était tout à fait possible d’aller chercher les mazouts allemands !
L’équipe Niponne, ayant battu à trois reprises, l’ogre, le ‘ GÉANT ‘ Allemand d’Ingolstadt, qui domine la discipline depuis plus d’une décennie, malgré quelques défaites concédées les quatre années précédentes face aux 908 Peugeot.
La firme Française en cinq participations au Mans, entre 2007 et 2011, n’ayant triomphé et devancé les Audi qu’à une seule reprise, rappelons-le !
Passons aussi sur l’argument »nécessité » d’un titre Mondial.
La liste des engagées 2013, suffit à faire comprendre que le problème n’est pas là, puisque très peu de constructeurs semblent attachés à la conquête de ces lauriers, même labellisés FIA.
Une année de transition et des temples oubliés
La fin de saison laissait pourtant présager une belle empoignade entre Toyota et Audi.
Tant mieux mais est- ce-que ce sera suffisant pour redonner un peu de santé à une série dont se foutent éperdument les grands médias internationaux ?
Hormis Le Mans et Spa, où se préparent les 24 Heures les autres circuits ne sont pas envahis par les spectateurs !
Et, les écuries privées qui forment tout de même l’ossature, la colonne vertébrale du WEC, tirent financièrement la langue… Et leurs sponsors se posent bien des questions quant à l’intérêt de se produire à Bahreïn à Austin, sans parler de Sao Paulo. Franchement quels sponsors Français, voire Européens, peut y trouver son compte ?
Même à Silverstone, un temple de l’automobile s’il en est, il n’y a pas foule. C’est dire…
Pour le reste, on se demande encore bien pourquoi le WEC s’en ira à Austin au fond du Texas ou l’endurance n’a pas de passé, pas d’histoire.
Et ce alors qu’elle délaisse les grands circuits Américains ou le mot endurance signifie quelque chose et où la discipline a un passé : Sebring et ses 12 Heures, Atlanta et la course de Petit Le Mans sans parler de Daytona !
Et, quid du déplacement à Bahreïn ?
Il y a là, des mystères qui laissent planer quelques doutes quand à la volonté de ressusciter les grandes heures de l’endurance du passé.
Outre les belles et prestigieuses épreuves Américaines, exit Monza, aussi.
La faute sans doute à deux ou trois méchants écolos qui n’aiment pas le bruit dans le majestueux parc de la ville des faubourgs de Milan…
Que l’on ne retrouve plus lorsque arrivent, chaque fin d’été les monoplaces de F1 !
Exit encore, le Nürburgring, pour sans doute des raisons liées aux conséquences des dépenses pharaoniques imposées par le »Bernie Eclestone Circus ».
Dépenses amplifiées, il est vrai, par des une gestion des politiques locaux ayant sans doute voulu croire aux promesses tentatrices de quelques promoteurs habiles et très bons vendeurs.
Exit également les circuits espagnols, comme Barcelone, ou Valence.
Exit enfin, en fait l’Europe et bonjour l’Asie.
C’est une volonté permanente de l’ACO que de s’implanter définitivement dans les pays asiatiques.
Soumis à la pression des constructeurs, les patrons de la vénérable association mancelle ont toujours fait les yeux doux à tout ce qui vient de Chine.
Sans grand succès d’ailleurs puisque l’Empire du Milieu a quand même un gros handicap :
Il n’a pas de culture automobile et il y a fort à parier que les courses de voitures de série aient là-bas autant de succès que la manche de Shangaï.
A vouloir trop coller aux marchés supposés, on s’enfonce dans des décisions qui ne sont pas sans conséquence sur les budgets et les engagements des équipes indépendantes.
Le WEC pas très en forme, l’ALMS en sursis, l’ELMS relève la tête
Il faudrait être un sacré bonimenteur pour faire croire donc que tout va bien dans le meilleur des mondes de l’endurance.
N’en déplaise aux hommes de l’art désormais à la tête de l’Endurance Circus mais un peu trop neufs pour avoir vécu les permanents hauts-et-bas de la discipline, nous sommes dans une phase de reflux et de recomposition qui sera sans doute bien difficile à gérer si quelques mesures volontaristes ne viennent pas redistribuer les cartes.
En Amérique, la fusion Grand AM- ALMS, aura inévitablement rapidement pour conséquence de supprimer les LMP1.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Team Audi même si l’épreuve contrairement à 2012, ne compte pas ou plus pour le Championnat WEC FIA, s’y déplacera une dernière fois cette année, avant que n’entre en vigueur début 2014, le nouveau règlement
Les organisateurs de l’American Le Mans Series et de la Grand-Am, ont annoncé comment ils répartiraient les compétiteurs à partir de la saison 2014, année où les deux séries fusionnent.
La première modification apportée à la structure existante, a été d’éliminer la catégorie P1, la plus rapide du plateau ALMS.
On a ensuite choisi de combiner les catégories P2 (ALMS) et DP (Grand-AM).
Dans cette même classe, courra également la fameuse DeltaWing, vu au Mans cette année.
Hors de question donc pour Toyota, Audi, ou Porsche ou un constructeur de reverser aux USA deux ou trois voitures utilisées en WEC.
Pour la plus grande satisfaction, évidemment, des artisans constructeurs américains.
Deux philosophies s’affrontent, l’une celle de la FIA qui semble vouloir inciter les constructeurs à s’investir avec les difficultés que l’ont sait.
L’autre, Américaine, qui veut faire la part belle à Riley et ses amis constructeurs artisanaux avec des mesures protectionnistes propres aux Yankees.
Les bolides PC (Prototype Challenge) de l’ALMS continueront à faire bande à part dans le nouveau Championnat.
Les deux pelotons GT, celui venant de l’ALMS et celui venant de la Grand-Am, demeureront également indépendants.
Le sort des voitures GTC (ALMS) et GX (Grand-Am) n’a pas encore été décidé. On ignore toujours si elles rouleront séparément ou seront intégrées au peloton GT de la Grand-Am.
L’EQUIPE THIRIET BY TDS CHAMPIONNE ELMS 2012
Les dernières informations démontrent que bon nombre de Team, semblent désormais se tourner vers l’ELMS, avec l’espoir de décrocher une qualification ou une invitation pour les 24 Heures.
Calendrier raisonnable, déplacements limités, reste à mettre en place une nouvelle organisation puisque Patrick Peter, ‘’l’homme’’ du renouveau de l’endurance, comme le rappelle souvent Gilles Gaignault, a perdu la main sur cette série.
Mais là pourrait être la bouée de sauvetage de l’Endurance en Europe.
Reste la question de l’Asian Serie, un serpent de mer qui, depuis quelques années berce les nuit des dirigeants de l’ACO.
Après avoir »détaché » en Asie l’ancien directeur général Rémy Brouard, démissionnaire depuis, l’ACO cherche à convaincre les patrons de l’endurance japonaise qu’ils ont tout intérêt à faire fusionner leurs séries respectives.
Pour l’heure, ce serait plutôt du côté du… DTM, que les Nippons, seraient enclins à s’unir. Pas vraiment une bonne nouvelle pour les amis de Pierre Fillon et de l’ACO.
Restent évidemment les 24 Heures du Mans.
On sait que la lutte en 2013, sera des plus intéressantes entre les deux Toyota, bêtement éliminés l’an dernier et les trois Audi.
Compte tenu des progrès affichés fin 2012 par les Japonais, on peut s’attendre à un duel bien dans la tradition mancelle.
Pourtant, la géométrie d’investissement de Toyota vient quelque peu tiédir l’enthousiasme légitime des supporters de Lapierre et ses copains. En annonçant seulement deux voitures, contre trois Audi, les prétendants ne semblent pas considérer l’épreuve mancelle comme la priorité des priorités.
On peut s’en étonner quand on connaît l’histoire du Mans et du passé de Toyota dans la Sarthe.
Mais tout cela sera battu en brèche en 2014, puisqu’arrive et va débarquer après quinze ans d’absence volontaire, ‘’l ‘épouvantail’’ … Porsche.
Alors plusieurs nouvelles questions se posent :
Est-ce à cause de cette échéance que les patrons de Toy, réduisent la voilure ?
Qu’en sera-t-il de l’engagement d’Audi, désormais marque sœur de Porsche dans le groupe VAG ?
Quel constructeur aura les reins assez solides pour s’en aller contrer les ambitions légitimes de la toujours marque reine des 24 Heures avec seize succès en Sarthe ?
Autant de questions et pour l’instant, assez peu de réponses, il est vrai.
Quoiqu’il en soit, si Le Mans fait encore et toujours rêver, on ne peut pas en dire autant du Championnat du monde de la discipline, le fameux WEC !!!
Et, partout dans le monde, les sponsors, les équipes, les Teams-manager et les pilotes, n’ont et au fil des ans, qu’un mot, un seul, à la bouche :
LE MANS
Le nom magique. Mythique.
Celui que tous les Japonais connaissent et dnomment : Le long, long jour.
Jean-Michel LE ROY
Photos : Patrick MARTINOLI – Gilles VITRY- Gilles MOLINIER et Thierry COULIBALY]]>