LE NÜRBURGRING DANS LA TOURMENTE …
Depuis sa mise en situation d’insolvabilité, le circuit allemand du Nürburgring, vit probablement la période la plus noire de sa longue existence.
Ce qui après de gigantesques transformations devait devenir un véritable fleuron du sport automobile ainsi qu’un impressionnant complexe de loisirs orienté autour des sports mécaniques, risque en effet de se transformer en chancre si toutes les parties concernées, c’est-à-dire, le politique, le management et les instances des sports mécaniques allemands, ne trouvent pas vite la solution, pour faire face à la dette qui greffe le circuit de l’Eifel à concurrence de… 484 millions d’Euros !
Une somme gigantesque et Kolossale et qui donne le tournis…
Les dernières transformations ubuesques réalisées entre 2007 et 2009, incluant la construction de salles polyvalentes comprenant cinéma et musée, des hôtels, une attraction siglée RING RACER, un toboggan géant permettant d’atteindre des vitesses supérieures à 200 Km/h, ainsi qu’un complexe sous forme de véritable petit village composé de boutiques et cafés-restaurants , ont en effet provoqué un effet boomerang mais à l’inverse de ce que les promoteurs se sont imaginés en lançant ce projet mégalo.
Et ce en plein cœur des Mots de l’Eiffel, au milieu de… nulle part !
Imaginez la même chose au cœur de la France profonde dans la Nièvre du côté de Magny cours, voire même à Silverstone, en plein centre de l’Angleterre….
Et comme le poisson avarié sent toujours mauvais à partir de la tête, c’est du politique que doivent venir les remèdes pour faire face à la dette, on l’a dit Kolossal et accumulée en à peine 3 ans.
Dès avant la finalisation de ce projet pharaonique, un riverain sceptique nous déclarait à l’époque:
« Pour rentabiliser un tel projet dans cet endroit géographique de l’Eifel et dont la grande ville la plus proche, Cologne, se trouve à 100 Km, il faudrait environ 7.000 visiteurs par jour en moyenne, pour rentabiliser l’outil. »
Et, il nous avait confiait :
« Chose parfaitement impossible compte tenu des rigueurs météorologiques qui sévissent dans ce coin de l’Eifel une partie de l’année, et ou compte tenu de l’altitude (670 mètres), les activités du circuit sont à l’arrêt durant minimum 4 mois chaque hiver. »
Depuis l’inauguration du nouveau complexe en 2009, les gestionnaires se retrouvent entre temps en situation de cessation de paiement avec une procédure judiciaire en cours.
Celle-ci toutefois prend du temps, probablement parce que le politique y est aussi directement lié !
En effet, l’ancien Directeur du Circuit du Nürburgring, Walter KAFITZ, a été démis de ses fonctions depuis et a trouvé refuge comme responsable du marketing auprès du circuit autrichien de Zeltweg, rebaptisé RED BULL ARENA, depuis que le magnat de la boisson énergisante, Dieter MATESCHITZ, alias DIDI, en est devenu le propriétaire .
Autres personnalités impliquées dans ce que l’on qualifie dans les milieux du sport mécanique allemand comme la plus grande crise de l’histoire du célèbre Nürburgring crée en 1927, le Président du Land de Rhénanie-Palatinat, Kurt BECK et l’ancien Ministre des Finances du même Land et socio-démocrate comme lui , Ingolf DEUBEL.
Entretemps, que l’on peut assimiler à un scandale financier n’occupe pas que la Justice de Coblence et son Ministère Public.
Car les vagues de cette affaire ont entretemps atteints la Commission Européenne, qui elle aussi, de son côté, mène une enquête parallèle quant à la dévolution exacte des subsides octroyés à l’époque par le Land Rhénanie-Palatinat, lesquels semblent avoir été déviés de leur destination finale…
Il apparait en effet, que de ces subsides… pas un cent n’ait été utilisé pour les infrastructures du Circuit en lui-même.
Et c’est précisément cela qui provoque énormément de remous au point que beaucoup craignent que tôt ou tard, l’outil “Nürburgring” ne tombe dans les mains d’investisseurs privés, via une opération de vente publique, vu que les dettes actuelles accumulées dépasseraient largement sa valeur réelle.
Que deviendraient en effet dans un tel cas de figure ,la boucle du circuit de Grand Prix datant de 1983 ainsi que l’emblème même du Nürburgring, c’est-à-dire la fameuse NORDSCHLEIFE, longue de 22,800 Km qui durant des décennies a fait l’histoire du circuit de l’Eifel et que tous les connaisseurs qualifient de formidable “Juge de Paix” ou ” d’Enfer Vert” et assimilent à un bien culturel automobile?
Lors d’un récent forum, auquel participèrent le Président de l’ADAC (Automobile Club d’Allemagne), Hermann TOMCZYC, ainsi que le Vice-Président de Mercedes Motorsport, Norbert HAUG, tous deux étaient sur la même longueur d’ondes, quant à l’urgence de trouver une solution de cette spirale négative .
Selon eux, comme le gouvernement régional du Land Rhénanie-Palatinat, est le principal actionnaire impliqué dans ce marasme financier, une issue favorable, ne peut provenir que de son côté, quitte à demander une “béquille” au gouvernement fédéral.
Mais pour en arriver là, l’urgence d’une restauration de dialogue s’impose à tous les niveaux, il en va du sauvetage de ce circuit renommé au pied du célèbre château du Nürburg, près d’Adenau .
Pour ce faire, il faudrait néanmoins que les instances politiques, se départissent de leur léthargie, dont ils font preuve actuellement, car vu la lenteur des procédures en cours auprès des autorités judiciaires du Parquet de Coblence, aucune sentence ne sera prononcée avant 2013.
En attendant, les locataires des lieux qui s’étaient vu casser les baux, conclus en 2009, à fin octobre 201,2 occupent toujours les lieux !
Quant aux activités de piste proprement dites, celles-ci sont pour le moment maintenues au calendrier 2013, comprenant entr’autres les très réputées 24 HEURES et le Championnat d’Endurance VLN, sur le grand tracé, le TRUCK GP, ainsi que des manches du DTM et du ADAC GT MASTERS, ayant lieu sur le tracé dit “Grand Prix” de 5,148 Km.

Il est vrai qu’il n’est pas rare que 25.000 à 30.000 fans pour les courses d’endurance du VLN ou même jusqu’à 150.000 pour les 24 Heures, se déplacent annuellement
Et ce pour continuer d’admirer l’art du pilotage qui au Nurburgring, garde encore tout son sens.
Manfred GIET Photos : PUBLIRACING Agency