Il fête ses 94 ans bien sonnés et avec l’Allemand Hans HERMANN, qui fêtera ses 97 ans en février prochain, en faisant aussi partie désormais des doyens et héros du tarmac, ayant un jour piloté en F1 et affichant une carrière bien remplie tout en s’étant faufilé régulièrement entre les mailles du filet, tributaires du destin, de la fatalité ou autres coups du sort et ce à une époque, où les week-ends de compétition se déroulaient rarement sans tragédies…
David PIPER, est né le 2 décembre 1930 à Edgware en milieu rural au nord-ouest de Londres dans le Middlesex dans une famille d’agriculteurs, se fit remarquer dès son adolescence par le pilotage du tracteur familial de couleur orange vif comme pour épater encore un peu plus les voisins de la même corporation selon son adage à lui :
« Peu importe l’engin pourvu qu’on ait l’ivresse »
D’un simple tracteur agricole, il est ensuite passé à des choses plus sérieuses en participant assez vite par la suite, à des épreuves de courses de côte, ou à des courses de club, très prisées en ce temps-là en Grande Bretagne, sur des tracés parfois improvisés !
Et, rapidement celui que ses copains surnommaient ‘’Pipes’’ (tuyaux) doué qu’il était, tant au niveau de la mécanique, du bricolage que du pilotage et doté d’une passion sans bornes lui permettant de devenir un jour pilote professionnel aux volants de bolides des plus grands constructeurs.
[caption id="attachment_481916" align="aligncenter" width="600"] DAVID-PIPER-C’est-sur-une-Lotus-16-Climax-identique-qu’il-fit-2-tentatives-en-F1- Photo Manfred-GIET[/caption]
Après avoir effectué ses premières armes aux volants surtout de voitures de sport de marque LOTUS, en 1959 et 1960, il fit même une brève incursion dans le Top du Top… l’univers de la F1, notamment aux Grands Prix d’Angleterre à Aintree en 1959, où il termina 12ème sur une LOTUS F2, Type 16, ainsi qu’à celui disputé à Silverstone en 1960, où toujours sur une LOTUS Type 16 il ne put toutefois hélas, rallier l’arrivée.
Ces expériences mitigées lui firent prendre conscience que pour la suite de sa carrière de compétiteur, il donnerait plutôt la priorité aux prototypes et à l’endurance en acquérant une des meilleures voitures de la discipline à l’époque, tout simplement … une FERRARI 250 GTO, ni plus ni moins qui pour lui représentait du coup une fameuse mise de pied à l’étrier avec la marque au cheval cabré.
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David-PIPER-FERRARI-365-P2-3-Photo-Manfred-GIET.[/caption]
Si au cours de ses 16 années d’activité de haut niveau de compétition, David PIPER a toujours gardé le statut de pilote privé, en se retrouvant toutefois régulièrement aux volants des plus performantes voitures, des LOTUS, JAGUAR, ALFA ROMEO, PORSCHE (356-904-906-908-917), SHELBY COBRA, FORD GT 40 & MIRAGE ou de LOLA T70, c’est avec les modèles 250 GTO- 250 LM- 365 P2- 330 P3/4- DINO 268 SP & 206 S -412 P- 275- 312 P et 512 S, soit à peu près tout ce que Enzo FERRARI a eu en magasin, qu’il s’est le mieux acclimaté, au point d’en avoir conservé quelques modèles qu’il possède d’ailleurs toujours actuellement.
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David PIPER au volant de sa Ferrari préférée, la 250-LM- Photo Manfred GIET[/caption]
La particularité chez ce gentleman Britannique pure souche est d’avoir piloté des voitures de la Scuderia non pas seulement dans le rouge traditionnel qui caractérise les modèles siglés du Cheval Cabré de Maranello, qu’en plus, il avait non seulement l’art de préparer majoritairement lui-même mais dont la plupart étaient de teinte verte ce qui les rendaient uniques.
L’origine de cette inusité datant de la crise de Suez en 1956-1957, lorsque David PIPER, parrainé alors par le pétrolier ESSO et suite aux stigmates qui s’en sont ensuivis, vit par la suite le contrat existant soudainement résilié le contraignant à trouver un nouveau commanditaire qu’il trouvera auprès d’un autre pétrolier Britannique, en l’occurrence BP, dont il reprit la couleur caractéristique, le vert,comme symbole sur les voitures en sa possession.
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DAVID-PIPER-La Gulf-Porsche John-WYER chassis-N°013 reconstruite sur laquelle David PIPER fut victime d’un accident grave lors du tournage du film ‘Le Mans en 1970- Photo Manfred-GIET[/caption]
Outre la gamme FERRARI, le pilote privé anglais au talent indiscutable ? a également eu l’opportunité de piloter l’artillerie lourde PORSCHE de l’époque, comme les 904, 906, 908 et la fameuse et inoubliable 917, dont il a été un des premiers pilotes à ouvrir le bal à son volant sur les pistes en endurance et ce alors que la plupart des pilotes d’usine chevronnés de l’époque, étaient parfois réticents à piloter ce modèle qu’ils qualifiaient de monstre imprévisible, à la fin des années 69’, début des années 70’.
Aux 1000 Km du Nürburgring et son fameux dénivelé, en 1969… aucun pilote officiel Porsche, n’a voulu prendre le volant de la nouvelle 917, équipée du moteur 4,5 L … à l’exception de David PIPER et de Frank GARDNER qui terminèrent 8ème au général et le 8 novembre 1969, PIPER associé à Richard ATTWOOD, remportaient les 9 Heures de KYALAMI en Afrique du Sud, plaçant du coup la PORSCHE 917, qui début des années 70’ … développait tout de même jusqu’à 1.100 cv, devenant sur la piste, ce que Saturne V était dans le programme spatial Apollo, autrement dit une fusée sur route !
Au cours de sa carrière, le légendaire pilote Britannique à la carrure de débardeur aura connu aussi des moments de frayeur mais s’en est toujours bien sorti à une exception près malheureusement, celle lors du tournage d’une séquence pour le film ’’LE MANS’’ en 1970, avec Steve Mc QUEEN en vedette, sur le circuit de la Sarthe, où lors de la simulation d’un accident au Tertre Rouge, il fit tellement bien le boulot qu’il pulvérisa une GULF-PORSCHE John WYER officielle portant le N° de châssis 013 des 25 construits par POR SCHE pour l’homologation de la série 917 !
Mais, hélas non sans séquelles puisqu’il fut relevé avec de graves coupures à la jambe droite qui dut lui être amputée jusqu’à hauteur du genou, à la suite de graves inflammations, dues à du liquide de frein qui avait coulé dans les coupures avec comme conséquences une amputation irréversible, le port d’une prothèse et une fin de carrière prématurée !
Jusqu’à ce terrible coup du sort, David PIPER avait disputé quelques 311 épreuves et remporté 31 victoires.
Quant à l’épave de la PORSCHE GULF John WYER, elle a été entièrement reconstruite sous le N° de châssis 034, tout en gardant cependant son N° de châssis attribué initialement, le 013, qui pour David PIPER depuis la semaine qui a succédé à celle des 24 Heures du MANS 1970, pour les besoins de tournage du film, est devenu indéniablement un chiffre maléfique.
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DAVID-PIPER A MONTLHERY EN 2017[/caption]
Cela ne l’empêcha cependant pas par la suite, à force de courage, de volonté et de persévérance, de participer régulièrement sur des bolides de sa collection à des épreuves historiques durant quatre décennies, au cours desquelles il était toujours le bienvenu et accueilli avec un égal bonheur, en tant que ‘’gentleman driver’’ au sens large du terme et presque toujours sur ses propres voitures de collection peintes dans sa couleur fétiche, le VERT ,synonyme de calme et repos et qui à l’âge qu’il affiche désormais vient à point nommé !
Happy Birthday David !
Manfred GIET
Photos : Publiracing Agency
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DAVID-PIPER- LA 365, Scuderia FILIPINETTI UNIQUE et la P4[/caption]
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