Anthony Gobert n’est plus.
Championnat du Monde Supersport 2006. Le GMT94 fait son entrée pour la première fois. Mais David Checa se blesse en janvier. Il ne pourra faire le début de saison. Il nous manque également un pilote pour remplacer William Costes aux 24H du Mans. Mandy Kainz (YART) m’appelle et me propose d’engager Anthony Gobert. Il est persuadé qu’avec le GMT94, ses démons partiront définitivement, que notre équipe peut être une belle opportunité pour l’aider à revenir en compétition.
Auteur de victoires en WSBK dès sa première wild card en 1994, pilote GP500, le champion Australien fut la révélation dans les années 1990. J’avais bien du mal à croire qu’une telle star puisse rejoindre notre équipe, championne du monde d’Endurance, certes, mais qui débutait en Supersport. Après avoir longuement discuté avec sa maman, Sue, Anthony nous a retrouvés pour notre première course au Qatar.
Je me rappellerai toute ma vie de ce jour, où je l’ai vu arriver vers moi dans l’aéroport de Doha. L’émotion d’accueillir l’un des plus talentueux sportifs de notre sport, était immense. La fierté était également là. La presse autour de nous, n’en revenait pas. Tous les journalistes étaient unanimes pour dire qu’Anthony Gobert était probablement le plus talentueux Australien depuis Mick Doohan, voire le plus talentueux de tous les temps …
Au guidon d’une machine d’origine, il terminait 13ème de sa première course avec nous. Première course et premiers points pour le GMT94, merci Anthony. Mais le pilote Australien voulait plus. En Australie, il s’offrait une incroyable deuxième ligne avec la même Yamaha R6. Nous étions installés aux côtés des machines officielles, ce qu’aucune machine privée n’avait pu réaliser. Anthony abandonnait en course après que ses démons l’aient rattrapé et perturbé. Sa sensibilité était extrême, sa gentillesse aussi.
En deux courses, nous avons créé des liens très forts. ll m’a supplié de le faire venir en Europe. Il est venu au Mans. Après 5 tours sur un tracé qu’il découvrait, il faisait jeu égal avec les top pilotes.
Puis Garry McCoy est arrivé, et nous avons décidé de partir avec lui, car Anthony ne semblait pas en mesure d’affronter la longueur d’une course telle que les 24H du Mans.
Je me rappellerai toujours ces trois jours passés à Paris avant de rejoindre le Mans. Nous avons partagé des moments dans les restaurants parisiens, à la maison, à parler, parler, parler. J’aurais tant aimé l’aider à surmonter la souffrance que lui infligeaient ses démons.
C’était quelqu’un de bon. Une belle personne que je n’oublierai jamais. Anthony fait partie de notre histoire. À Aaron et Alex ses frères, à Sue, sa maman, j’adresse mes plus sincères condoléances et me joins à eux pour pleurer la disparition d’Anthony.
Christophe GUYOT
Photos : Photopsp_lukasz_swiderek / Good-Shoot
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