Didier Ravel nous a quitté à l’âge de 79 ans, le mercredi 29 Janvier dernier, dans la matinée, à la suite d’une intervention chirurgicale cardiaque qu’il avait subie deux jours auparavant. Une opération lourde qui s’était pourtant bien passée mais dont les complications postopératoires lui furent fatales. Comme hier 4 février, notre ami Jean-Paul Calmus, décédé dans les même circonstances…
C’est Pierre Boudon, qui possédait le grand magasin « Sud Motos » situé en face de la prison de Fresnes et qui préparait notamment les motos de Coluche, qui nous a transmis cette bien triste nouvelle.
Didier Ravel, né le 9 Mars 1946, était le frère ainé de 18 mois de l’illustre Champion moto Christian Ravel, qui est mort en course lors du GP de Belgique disputé sur le circuit Ardennais de Spa le 4 Juillet 1971, au guidon de sa Kawasaki H1R 500cc de l’écurie Baranne (premier sponsor extra-sportif en France) fondée par l’importateur, le regretté Xavier Maugendre et au sein de laquelle courait également Éric Offenstadt.
Christian Ravel, Champion de France inter 500cc en 1970, restera dans les mémoires comme le plus doué des pilotes Français de vitesse de cette époque, avec la perspective de devenir le premier Champion du monde de la catégorie reine…
Hélas le destin en décida autrement lorsque le moteur 3 cylindres, deux temps serra, faute d’essence, dans la courbe de Blanchimont qui se négociait à fond, entre les rails et à plus de 240km/h.
Son frère donc Didier Ravel couru lui aussi, de 1970 à 1976 et il débuta en endurance au Bol d’Or 1970 au guidon d’une Ducati 250 qu’il partagea avec Anne-Marie Lagauche qui était en fait la sœur de sa première épouse Marie-Hélène, avec laquelle ils avaient eu Chrystelle et Jean-Christian. Julie, son autre fille, était née d’une seconde union avec Béatrice, dont Didier était divorc
Ces dernières années, Didier avait délaissé la région Parisienne, où il habita longtemps près de Montlhéry, pour s’installer en Loire-Atlantique dans la région de Guérande, prés de La Baule.
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1970-Bol d’Or – Didier Ravel et Anne-Marie Lagauche- Ducati 250[/caption]
CHRISTIAN ET DIDIER RAVEL: DEUX FRÈRES DANS LA COURSE.
Comme beaucoup de pilotes de cette période du renouveau de la moto en France qui coïncidait, fin des années 60, avec l’arrivée des importations Japonaises , Didier et son frère Christian se distinguaient à la fois en vitesse et en enduranceXavier Maugendre et son bras-droit Albert Judenne, ancien Champion de France en 1963 sur Jawa, qui se chargeait des homologations puis qui devint le responsable technique de la Sidemm – l’importateur Kawa – recrutaient de jeunes talentueux pilotes et des concessionnaires voulant porter haut les couleurs Kawasaki en compétition. Mais revenons à Didier dont nous avions recueilli assez récemment en 2020 les confidences sur cette période de sa vie, hélas, mêlée de drames.
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« En Championnat de France de vitesse, j’emportais toujours deux machines dans ma fourgonnette. J’avais une Yamaha 350 TZ avec un kit 250 et une Kawasaki 750 H2R. Je choisissais en fonction du circuit car s’il était tortueux je faisais de meilleurs temps avec la TZ. J’avais fait 3ème avec celle-ci à Bourg En Bresse le 7 Mai 1973, lorsque André-Luc Appietto s’était tué sur une H2R qui n’était pas la bonne moto, pas assez maniable, pour tourner là-bas. C’était un circuit dangereux et cette tragédie comme l’avait raconté Jacques Bussillet dans Moto Journal, mis fin à son organisation ensuite. »
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27 MAI 1973: MA RENCONTRE AVEC DOMINIQUE MÉLIAND
Didier nous confiant : « Je disputais la Coupe Eugène Mauves, à Monthléry, avec la 750 H2R que Judenne m’avait prêtée et j’avais réalisé le meilleur temps des essais lorsque le cylindre central, comme d’habitude, serra. Il fallait changé le piston…refaire mes réglages…Dominique Méliand arriva et me lança : ‘T’aurais une Anglaise, ça ne serait pas arrivé! » Alors je lui avais répondu: ‘Tu as des notions de mécanique si tu me dis ça? Alors viens m’aider! « C’est ainsi que nous avions gagné le Dimanche après avoir remonté le moteur une bonne partie de la nuit puis nous avions fini la saison ensemble. » [caption id="attachment_485575" align="aligncenter" width="600"]

1974-1975: DE L’ÉCURIE LEURIDAN À L’ÉCURIE JPM (JUDENNE-PEYRÉ-MOTUL)
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DIDIER RAVEL: « POURQUOI J’AI ARRÊTÉ LA COURSE ? »
Au cours de la saison 75, Didier refusa de se rendre aux 24 heures de Liège. La disparition de son frère Christian sur ce circuit de Spa Francorchamps en était bien évidemment la cause première et c’était tout à son honneur.
Maurice Maingret fut appelé pour prendre sa place aux côtés de Jean-Bernard Peyré et un nouveau drame failli arrivé lorsqu’à 2h38, au milieu de l’épreuve, Maurice fut privé de lumière… Maurice que nous avions questionné, se souvient: « J’avais déjà roulé avec Georges Godier et Alain Genoud et j’avais pu rentrer dans les « petits papiers » de Kawasaki avec Maugendre et surtout Judenne qui me connaissait déjà et qui a appuyé mon intérim. Par contre je n’avais pas roulé avec Jean-Bernard à cette époque. Spa c’était plus de 160 km/h de moyenne je crois et aborder la courbe de Burnenville dans le noir à plus de 200, ça ne pardonne pas! » Maurice s’en tira « seulement » avec une jambe cassée mais pour Didier cela renforçait manifestement son choix d’avoir fait l’impasse sur ce circuit à la vitesse maléfique Un autre drame insupportable allait peser dans la balance lorsque Anne-Marie Lagauche fut relevée paraplégique de sa chute lors des 24 heures de Barcelone 1975 disputées à l’époque sur le circuit urbain et hyper dangereux du parc de Montjuic Anne-Marie s’en est allé le 25 Février 2019, après avoir passé 45 ans en fauteuil roulant. Née à Arpajon le 29 Janvier 1948, la même année que Christian Ravel, elle formait un duo très rapide avec Gabrielle Toïgo sur des Kawasaki en Coupe FIM d’endurance. Le mondial n’existât qu’en 1980 et les équipages étaient formé de seulement deux pilotes jusqu’en 1981 Ces 24 Heures de Barcelone furent organisés pour la première fois en 1955, accueillant les GP motos et les F1 dont le paddock se situait dans le stade du parc sur les hauteurs de la ville. La dernière épreuve comptant pour le Championnat du monde d’endurance fut courue en 1983 mais sans les usines qui boycottèrent la course après la chute de Raymond Roche aux essais. Didier nous avouera 45 ans plus tard « Quand nous avons eu notre première fille, j’ai dit on va arrêter le massacre. Si jamais il m’arrive un truc, ma mère va mourir ! Donc, j’ai arrêté pour ça…Ensuite, j’ai perdu le fil un peu volontairement car je ne voulais pas approcher de nouveau le milieu de la compétition par craindre d’y replonger. J’ai pourtant tourné un film sur mon frère en retournant à Spa avec une H1R…» Avant de lâcher« Je me suis consacré ensuite au vol à voile. En 1980, lorsque Jean-Bernard a eu son accident j’étais en Espagne. J’étais dans la finance et m’occupais de crédits pour des promoteurs. Je n’ai pas pu être là pour les funérailles et ça été mal perçu par la famille que je n’ai jamais osé revoir (grand silence)… c’est un grand regret… »
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