
En ce jeudi 17 juillet, cela fait tout juste 30 ans que disparaissait le quintuple Champion du monde de F1, l’inégalable pilote Juan-Manuel FANGIO.
Et e à la suite d’une crise cardiaque, associée à une insuffisance rénale…
L’Argentin, nous quittait à l’âge de 84 ans. pour aller rejoindre définitivement les étoiles après avoir défendu en 1954 et 1955, la marque au même sigle, MERCEDES-BENZ,
30 ans plus tard et 67 ans après son dernier GP disputé en France à Reims sur le circuit de Gueux, il est encore considéré actuellement non seulement comme une légende mais aussi comme le pilote le plus grandiose de l’histoire de la F1.
Au point que l’expression ‘’Conduire comme un FANGIO’’ inspirée de l’époque des années 50’ est devenue depuis courante dans le langage journalier.
« Tu te prends pour FANGIO !!!
Surnommé El Chueco (le boiteux, lié à sa démarche) ou Maestro (le Maître), Hans HERMANN, aujourd’hui âgé de 97 ans et qui fut son ancien équipier à l’époque chez DAIMLER-BENZ, déclara un jour :
« Lorsque Fangio entrait dans une pièce, rien que l’impact de sa présence suffisait à remplir celle-ci ! »

Car même sans avoir établi des records de victoires, de records du tour, de pole-position ou de titres mondiaux, l’argentin aura marqué l’histoire de la F1 de son sceau comme en témoigne son impressionnant palmarès qui reste gravé dans les annales !!!
Qu’on en juge :
Avec 24 victoires, 29 pole, 23 meilleurs tours, 35 podiums, 277,64 points marqués, 1.348 tours en leader, soit 9322 Km sur 22.693 Km disputés au cours de sa carrière en GP !

Gilles GAIGNAULT une bible… qui fut en France dans les années 90, le ‘ chauffeur du MAITRE, lorsque l’Argentin venait à Paris, rappelle tout de même qu’à l’époque en ce temps-là, autrefois en plus, il n’y avait que… neuf Grands Prix en 1954 et sept en 1955 !
Cela démontre la valeur du palmarès de Juan-Manuel FANGIO, comparé aux vingt-quatre GP annuels, actuels !
A ce jour, il reste aussi le plus ancien vainqueur en GP depuis le GP d’Allemagne sur le Nürburgring, l’épreuve la plus exigeante de l’année sur ce tracé, qui à l’époque mesurait 22,810 Kms, le 4 août 1957 sur une MASERATI 250F alors qu’il avait ce jour-là, 46 ans et 41 jours !
Autre record inégalé à ce jour … avoir remporté ses 5 titres de Champion du Monde sur 4 marques différentes, à savoir :
ALFA ROMEO en 1951, DAIMLER-BENZ en 1954 et 1955 , FERRARI en 1956 et MASERATI enfin en 1957.

Immense pilote au style insolite considéré à son époque comme extraterrestre et qui en remportant pratiquement un GP sur deux et dont la suprématie aurait été encore plus écrasante…
Et ce sans une pause forcée, suite à un accident survenu au GP de L’Autodromo à Monza le 8 juin 1952.
Une épreuve internationale hors championnat du monde, où il se blessa sérieusement au niveau des vertèbres, l’obligeant de déclarer forfait pour les six derniers GP de la saison.
Et tout cela à une époque où quasiment à toutes les épreuves sur circuit la mort guettait à chaque virage et où Il affichait toujours un petit quelque chose en plus que les autres en prenant visiblement plus les risques en considération ce qui lui permettait ainsi de les garder mieux sous contrôle que ses confrères.

Si Juan-Manuel FANGIO n’a été actif que durant sept saisons en catégorie reine mais à chaque fois dans des écuries de pointe, c’est dû d’une part à sa maîtrise exceptionnelle au volant.
Mais aussi grâce au parrainage de son pays d’origine l’Argentine, qui via le Président PERON, lui venait en aide financièrement pour disputer les GP européens devenant de la sorte pratiquement un pionnier du ‘’sponsoring’’.
Autre personnage qui joua un rôle important durant et après la carrière de FANGIO …
Marcello GIAMBERTONE, italien d’origine sicilienne mais établi à Milan qui était devenu son gestionnaire et confident dans un rôle que l’on définirait aujourd’hui de manager…
Assurément autre grande première à l’époque et qui le déchargea lui et sa compagne Andreina BERRUET, ’’Beba’’ pour faire court, qui l’accompagnait presque partout, de pas mal de tâches durant et en dehors des week-ends de GP.
GIAMBERTONE, que FANGIO appelait amicalement GIAMBIA, ancien homme d’affaires bien introduit dans le milieu du sport automobile et propriétaire de son équipe éponyme, a également collaboré à l’autobiographie du Champion argentin intitulé ‘’Ma vie à 300 à l’heure’
Livre sorti en 1961 et qui s’est fortement investi également lors du kidnapping du pilote argentin en février 1958 à l’occasion d’une compétition à la Havane à Cuba
Où un mouvement révolutionnaire cubain l’enleva à son hôtel pour le séquestrer durant 27 heures et le relâcher ensuite sans séquelles, grâce à de nombreux appels lancés conjointement par GIAMBERTONE et le pilote argentin Alesandro De TOMASO à la radio locale.
Cet incident marqua fortement FANGIO à l’époque surtout qu’au cours de l’épreuve, à laquelle il ne prit pas le départ, un accident provoqua la mort de six spectateurs, lui rappelant un autre mauvais souvenir vécu en direct…
Drame survenu lors des 24 Heures du MANS en juin 1955 avec le terrible accident survenu au pilote Français Pierre LEVEGH, alors partenaire de FANGIO au volant de l’une des MERCEDES 300 SLR, identique à la sienne, qu’il pilotait avec Stirling MOSS jusqu’au retrait de MERCEDES et qui fit 82 victimes au total.

Malgré sa sensibilité permanente, ces deux gros drames ainsi que ce qu’il venait de vivre durant son kidnapping, n’eurent pas raison de celui qui était considéré comme le fleuron en F1.
Puisqu’il réintégrera à nouveau par la suite et à 47 ans la catégorie reine en 1958 sur une MASERATI 250F de la Scuderia Sud Americana aux GP d’Argentine et de France à Reims-Gueux.
C’est précisément là d’ailleurs qu’il mettra un terme à sa carrière internationale, là où elle avait commencée dix ans plus tôt.
Epreuve Champenoise marquée surtout par le décès accidentel de son ancien coéquipier de chez FERRARI en 1956, Luigi MUSSO durant ce même GP de France.
Détail cocasse par contre pour le quintuple Champion du Monde dans une discipline très exigeante et dangereuse…

FANGIO a disputé toute sa carrière en étant un véritable moniteur d’un point de vue pilotage sur les circuits empruntés à l’époque … sans avoir le permis de conduire dans la vie courante et qu’il n’obtiendra qu’en 1961 alors qu’il était âge de 50 ans !
Une situation possible jadis avec un règlement de la Fédération Internationale du Sport Automobile qui ne rendait pas encore le permis obligatoire.
Devenu propriétaire à BUENOS AIRES, puis à BALCARCE sa ville natale d’une concession de la marque à l’étoile après avoir été couronné de succès avec MERCEDES, son nom y restera associé jusqu’à sa mort.
Puisque depuis de nombreuses années il officiait toujours comme Président honoraire de MERCEDES BENZ ARGENTINA.
Juan-Manuel FANGIO, repose au cimetière de BALCARCE, la ville Argentine, où il est né le 24 juin 1911, près de la côte atlantique.
RIP Juan-Manuel !
Manfred GIET
Photos : Publiracing Agency et Bernard BAKALIAN