A l’image des courses de relais clôturant en général les rencontres d’athlétisme, le dernier passage de témoin de l’équipe des verts de chez Kawasaki était très attendu, à l’aube de cette nouvelle saison du Mondial d’endurance EWC moto 2023.
Nous savions depuis l’été dernier que Gilles et Isabelle Stafler souhaitaient passer la main de la direction de cette belle équipe qu’ils avaient bâtie depuis 2009 à la force du poignée, y laissant néanmoins une bonne partie de leur santé ! Ce travail couronné de nombreuses victoires était aussi le fruit du travail d’une vie, celle du couple Stafler qui ne voulait pas voir exploser cette équipe avant la vente de leur fond de commerce…
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Comme la plupart des écuries représentant les firmes officielles, le Team Webike SRC Kawasaki France était composé d’une majorité de bénévoles, de quelques prestataires occasionnels et de Thomas Baudry, seul permanent. Pas question pour Isabelle et Gilles de le laisser sur le carreau, dixit Gilles, ainsi que les membres du team qui avaient sacrifié beaucoup de temps et de sueur par passion mais aussi par amitié des saisons durant.
GILLES ET ISABELLE STAFLER : VIVE LA RETRAITE !
Gilles Stafler nous explique le dénouement de ce passage de témoin : » Ça été un peu long car je n’avais pas la main. J’étais propriétaire du matériel et de l’équipe mais pas du contrat avec Kawasaki. Nous avons signé officiellement les documents le 4 Janvier dernier avec Trickstar. Mon fond de commerce est vendu. Le déménagement de l’atelier avec les machines outils a pris du temps et pour terminer le semi-remorque n’est parti que vendredi dernier 10 fevrier, soit un mois après la signature. En fait, il a fallu rehausser le volet électrique afin de pouvoir rentrer le semi à l’abri dans le nouvel atelier situé à Brignoles … à 15 kms de la maison . Les Japonais m’avaient demandé si je pouvais donné un coup de mains pour la validation de l’installation des nouveaux locaux. Tout cela a pris un peu de temps. Auparavant nous avions remis les motos en état après le Bol d’or et fait l’inventaire du matériel. Les décisions ont tellement traînées qu’à force d’attendre les pilotes comme Florian Marino et Etienne Masson sont partis ailleurs … «DU WEBIKE SRC KAWASAKI FRANCE AU TEAM KAWASAKI WEBIKE TRICKSTAR
Cette poignée de mains entre Ryuji Tsuruta et Gilles Stafler symbolise la transmission de témoin avec l’écurie Japonaise Trickstar, créée en 2001 par cet ancien pilote qu’est Tsuruta et l’écurie Française Webike SRC Kawasaki France. Avec un soutien accru de Kawasaki Motors Japan et en partenariat avec Japanese River Crane (Webike) et Motohouse Co, Ryuji Tsuruta s’engage en Mondial EWC sous le nouveau nom du Team Kawasaki Webike Trickstar mais arborera toujours le N°11. Tsuruta qui confie : » En tant que Team Manager, je vais diriger l’équipe et participer pleinement au Championnat du monde d’endurance FIM EWC avec la mission de remporter le titre Mondial. Après que Gilles a pris la décision de se retirer, nous avons reçu son soutien et sa coopération totale ainsi que son staff, tandis que François Ribeiro, directeur de Discovery Sports Events, le promoteur de l’EWC, Kawasaki France, Europe et Japon et Webike nous ont soutenus dans ce projet «


ISABELLE ET GILLES STAFLER : LA BELLE HISTOIRE DES VERTS
Rembobinons un peu cette belle histoire des verts avec Gilles Stafler : » J’ai commencé avec la structure Kawasaki chez moi l’hiver 2006 / 2007 mais je n’étais que le directeur technique de Christian Bourgeois. En 2007, nous remportons ainsi les 6 Heures d’Albacete et sommes vice champion du Monde. En 2008, nous gagnons les 8Heures d’Oschersleben.


L’AVENIR DE L’ENDURANCE MOTO SELON GILLES STAFLER :
Comment voit-t’il l’avenir de l’endurance ? » C’est tendu ! Lorsque le nouveau prometteur du Championnat est arrivé et nous a tous consulté autour d’une table, j’avais prévenu et dit : Attention ! A vouloir trop professionnaliser vous allez laissé trop de monde sur le carreau. La question qui se pose : Comment faire pour tenter des gens à revenir vers l’endurance moto ? Nous ne sommes pas dans l’automobile ! Et Gilles de reconnaitre et d’indiquer : Aujourd’hui nous avons moitié moins de concurrents au Bol d’or, du temps où il y avait des qualifications avec 80 inscrits ! L’économie mondiale ne va pas non plus dans le bon sens. Les modifications techniques imposées par la FIM sous le prétexte de la sécurité m’a fait bondir. L’investissement pour revoir la conception de six nouveaux réservoirs et celui consacré aux nouvelles vannes représentent des budgets considérables pour les petits teams. Comme me le répétait Bourgeois à l’époque : toute modification engage des frais ! Et de lâcher: Si on veut faire des économies, ne mettons que des boîtes de vitesses d’origine. Un pignon de 3 – 4 chez Kawasaki coûte 360 € ! » Faut-il garder la catégorie EWC ? » Je pense qu’il a deux discours. Le fan qui vient passer trois jours sur le circuit n’a pas envie de voir la même moto qui est garée en bas de chez lui. Il a besoin de voir de l’exception, de beaux montages … Après, économiquement il faudrait l’inverse et rester sur des Stocks mais là aussi : Attention ! Nous en parlions avec Dominique Méliand (le Chef du Suzuki SERT aux 15 titres mondiaux) car il pourrait y avoir des ingénieux qui vont faire des pièces semblables à celles du Superstock en restant dans le règlement mais qui coûteront plus chères que celles que tu vas faire chez le tourneur du coin pour ta EWC .

GILLES STAFLER : MAINTENANT À EUX DE JOUER ! :
A l’image des Grecs qui entretenaient le culte des ancêtres pour transmettre le feu sacré à de nouvelles colonies et qui ont perpétué la tradition du relais de la flamme Olympique, Isabelle et Gilles Stafler ont transmis le témoin. Le temps est venu de couper en tête la ligne d’arrivée du Team Kawasaki Webike Trickstar mais pour cela, il ne faudra pas sortir du couloir ou plutôt de la piste pour épater son équipier. Rendez-vous aux 24 Heures du Mans les 15 et 16 Avril prochains, pour le premier chapitre de cette nouvelles aventure chez Kawa, des quatre rounds du Championnat du Monde EWC 2023 . Gilles Stafler a encore tenu à ajouter, avant de nous quitter : » Mon autre grande satisfaction est d’avoir eu mon équipe aussi longtemps. Nous allons nous certainement quitter le Sud et nous rapprocher de la Bretagne. Maintenant à eux de jouer ! «