C’est la vraie première journée du Rallye Neige et Glace, qui se déroule dans le Jura et le Haut Doubs.Une journée techniquement difficile, esthétiquement absolue, sportivement aussi riche que cruelle…
LE MATIN DES MAGICIENS…
« Moins trente chez moi cette nuit » me disent quelques adorables personnes qui habitent la montagne au dessus du parc fermé, face à l’Hôtel du Lac, sis à Malbuisson.Moins 25, au moment où l’on démarre les moteurs.En contrebas, le lac de Saint Point fume comme l’Etna, tentant de contrer le gel imparable…Du côté des autos du Rallye, c’est le moins que l’on puisse dire, ça peine…Les voitures modernes ne sont pas forcément à la fête non plus parce que certains composants du gas-oil détestent le grand froid.Et dans ce genre de situation, on apprend comment la sagesse populaire pallie le je-m’en-foutisme de pétroliers qui vendent le même produit à Marseille en juillet et ici en février…Pour un réservoir de gas-oil, ajouter deux ou trois litres de super.Et toujours avoir le plein, ce qui diminue le risque de givre dans le réservoir.Bon, après ce cours magistral de résistance aux éléments, le bon côté des choses.Quand il fait très froid ici, c’est que le ciel est dégagé.Les couleurs et les contrastes de couleur sont alors inoubliables, même des Michel Ange ou des Magritte n’ont pas imaginé et encore moins trouvé ou créé ces teintes du ciel variant du bleu infini au rose total en passant par l’orange et le jaune d’or, le vert sombre des épicéas qui courbent l’échine sous des tonnes de neige, le blanc insensé des prés qui sont aveuglants tellement ils brillent au soleil…Voilà le tableau du matin.Une autre tempête de ciel bleu !LE JOUR LE PLUS LONG…
Autre incident, moins grave quand même, sur la superbe Peugeot 504 V6 Coupé GR4 de Jean Conreau…qui est ce lundi soir un peu chiffon. Jean a voulu laisser passer un concurrent attardé qui cravachait pour remonter, il s’est donc rangé sur le côté. Bilan, il tape à l’avant… mais en plus, son dépasseur ne peut l’éviter et lui met un violent coup à l’arrière !Il ya quand même des moments à la con, même enre gentlemen… Bien sûr, les deux autos continuent.Plus dangereux…A une intersection, une auto se goure de branche. Deux kilomètres plus haut, le navigateur se rend compte de son erreur. Demi-tour et on revient vers l’embranchement, à la vitesse d’un missile énervé…Et arrive en face, une autre auto qui s’est également trompé à la « jonction ».Boom… [caption id="attachment_37758" align="aligncenter" width="600" caption="PESCAROLO ET THIRIONET"]
[/caption]Enfin, il est arrivé un truc étonnant à Pesca, qui a un vrai don de conteur, c’est une partie de son charme.« Tout marche bien » dit Henri, qui ajoute:« Mon copi, Yves Thirionet me fait une nav aux petits oignons, au mètre près, bon des fois c’est plus que ça et notre Porsche ne demande qu’à envoyer du lourd pour rattraper le temps perdu, mais c’est une auto de série avec rien pour tenir les instruments… Et bien sûr, on ne fait pas de trous dans une belle auto prêtée par un ami ! Donc ça tient comme ça peut… Et soudain le cadenceur, c’est tout petit mais c’est vital, c’est lui qui te dit au mètre près si tu es en avance ou en retard sur ton temps idéal, se fait la malle et passe sous le siège droit ! Yves farfouille un paquet de minutes, pendant ce temps je n’ai plus d’indications, il n’arrive pas à le trouver et me demande de filer un coup de frein pour le faire revenir vers l’avant de l’auto ! Voilà comment on prend des pénalités parc que bien sûr, à ce moment là, il ya un contrôle secret qui a enregistré que tu es dans les choux… »Bon, Henri est quand même, dix-septième au classement de cette journée.STOP !
Le grand Lucien Guitteny (Team Anjou) est arrivé au volant de sa Simca P60 de 1960 de soixante chevaux…Pas seul d’ailleurs, ses deux fils courent aussi ce Rallye Neige et Glace, l’un en Alfa, l’autre en BMW.Lucien s’est engagé sur le circuit et… est devenu finlandais.Sa P60 Montlhéry est devenue la Cooper de Makkinen, son train avant, est un rail placé au millimètre près et l’arrière balaie comme un ballet.Bon, il est spécialiste des circuits de glace, il a aussi couru au Mans, on sait qu’il est bon.Après le passage divin de Pescarolo, Lucien a été le (Grand !) Petit Prince de cette journée…Je garde le petit secret pour la fin de la séance. Sur ce circuit, quand il est en version « été », viennent rouler, en kart, pour le plaisir, de très grands noms.Ils habitent tout près, disons de l’autre côté de la frontière helvète.L’un est Français, quatre fois Champion du Monde de F1.L’autre est Allemand, sept fois Champion du Monde de la même discipline.C’est dire à quel point ce Circuit de l’Enclos est un paradis…C’est à côté de Septfontaines, pas très loin de Pontarlier.Location de kart possible, bien entendu.www.circuitelenclos.com Tel 03 81 49 55 44LES BELGES IMBATTABLES…
[caption id="attachment_37771" align="aligncenter" width="600" caption="VAN DE WAUVER ET PAISSE"]
[/caption]On a dit le malheur de l’auto No 1. Pourtant, étant sorti de la route après le dernier contrôle, cet équipage est encore en seconde position du classement.Élégante façon de sortir de scène !Le leader est l’équipage Jean Pierre VandeWauwer-Joseph Baisse, sur la Porsche 914/6 GT No 8.Il y a un seul secret me dit le pilote.La mise au point.« Tu peux avoir nonante chevaux de plus que l’autre, ça ne sert à rien si ton auto est mal réglée. Moi, mon secret, c’est que je règle tout, hauteur de caisse, moteur, suspensions, tu peux t’offrir aussi des amortisseurs à 10 000 euros et ne rien faire avec alors qu’un truc qui vaut dix fois moins est facile à régler… ». C’est donc un magicien, un autre, qui finit ce reportage.De ces très rares ultra-talents qui savent régler une auto et qui donc font gagner leurs écuries et leurs pilotes.J’en connaissais un, Philippe Marcello, qui a bossé avec Pesca d’ailleurs.J’en connais maintenant un deuxième.Une journée où l’on rencontre un vrai sorcier de l’automobile est une belle journée…Jean Louis BERNARDELLIPhotos : Tom ZANIROLI et Richard BORD Le podium: Vandewauwer/Paise (Porsche 914/6 n°8) qui a dominé la première étape avec, notamment 3 arrivées au zéro parfait. Avec 212 pts, ils devancent leurs compatriotes Van Rompuy/Vermant (Opel Ascona n°3), l’Opel GT1900 n° 82 de Doyen/Torrejon et l’Opel Kadett n°52 de Lausberg/Pirotte. ]]>









