Oui… Qu’on se le dise, Peugeot n’est pas gâté avec la BOP mais fait le dos rond !
Allez, inutile de le taire, jusqu’à maintenant, les deux Peugeot 9X8 n’ont pas vraiment réussi à inquiéter la concurrence à la hauteur du passé de la marque en Endurance.
Une audace technique fort mal récompensée par un changement de règlementation au tout début avec cette novatrice 9X8 sans aileron aux roues avant plus petites et aux solutions techniques volontairement audacieuses.
La première saison en Mondial WEC, a été, il faut bien le concéder catastrophique.

Après un gros travail, la voiture est devenue un peu plus conventionnelle et les décideurs de la marque l’ont fait évoluer et les prestations sportives, sans être totalement à la hauteur devinrent bien plus supportables pour l’image des Lionnes en compétition.
Encore un peu empêtrées dans une gestion sportive trop souvent approximative, elles ont néanmoins démontré que désormais, elles peuvent se mêler aux joutes en tete:
« Oui, nous sommes sur une bonne lancée », confirme Olivier Jansonnie, directeur technique de Peugeot Sport.
Qui poursuit et lâche :
Au Qatar, nous avons réalisé une course correcte malgré quelques contretemps. À Imola, notre préparation a été perturbée par la météo, ce qui a rendu le week-end difficile. À Spa, nous avons placé les deux voitures en Hyperpole et nous nous sommes battus pour le top 5 dès le premier tiers de la course. »
C’était juste normal. Surtout pas de nature à bouleverser la hiérarchie. Pourtant, les ingénieurs responsables de la BOP, n’ont pas été très tendres avec les sochaliennes.
Elles sont, au Mans plus lourdes de 9 kilos, c’est beaucoup même si elles en ont gagné huit depuis Le Mans 2024. Mais où le bât blesse le plus, c’est en puissance moteur conventionnel qui les voit amputer de 11 KW, par rapport à Spa, seulement 1 KW de plus qu’en 2024, et 4KW au–dessus des 250 KM/H.
Ces nouvelles donnes techniques contraindront les ingénieurs à ne pouvoir optimiser les appuis générés si les 9X8 veulent garder de la vélocité dans toutes les portions rapides et au Mans elles sont légion.
D’une manière un peu étonnante, les Peugeot sont les voitures les moins puissantes pour cause de BOP si on additionne les deux systèmes, le conventionnel et l’électrique.
Soient 898 watts pour les deux françaises 927 pour les BMW et 926 pour les Porsche. Les Toyota retrouvent 923 w alors qu’elles en avaient 905 à Spa.
Pourtant, on n’a pas entendu le staff de Stellantis crier à l’injustice. Il faut dire qu’il y a interdiction aux concurrents de commenter les injonctions de la BOP.
Pourtant quand on représente l’un des plus grands constructeurs mondiaux, on doit avoir de solides arguments à faire valoir.
Cette interdiction de commenter est d’ailleurs assez in compréhensible. Mais visiblement, la FIA et l’ACO n’en ont cure. Globalement, après Spa, la BOP est une réussite mais cette semaine inexplicablement, c’est Peugeot qui fait les frais d’un changement d’interprétation des données.
« Nous progressons », déclare Jean-Marc Finot, vice-président senior de Stellantis Motorsport.
Ajoutant:,
« Notre dernière course à Spa-Francorchamps a été très encourageante, avec une voiture fiable et compétitive en qualifications et en début de course. C’était très gratifiant pour l’équipe de se battre parmi les meilleurs. C’est de bon augure pour Le Mans, car Spa et le circuit des 24 Heures partagent des similitudes. »
Lors de la journée test, les Peugeot ont été à la peine. Il y a deux explications mais évidemment, impossible d’en connaître les raisons exactes.
C’est une grande entreprise et la com est savamment distillée. Avec pour tous les pilotes et le staff des éléments de langage digne d’un soir d’élections législatives.
Hors de question bien entendu d’aller s’insurger contre cette BOP qui coupe quand même les efforts de tout le monde.
Tous les commentaires de pilotes sentent le robinet d’eau tiède. Pour l’instant rien ne transpire quant aux équivalences imposées.
LoÏc Duval, le plus expérimenté de l’armada grise et jaune, à l’image de tous ses collègues, ne fait surtout pas de vague dans son commentaire de début de semaine.
‘’Nous n’avons pas commencé la saison 2025 comme nous l’espérions au Qatar, mais nous avons rattrapé notre retard à Imola et à Spa. Spa a été frustrant : nous aurions pu placer les deux voitures dans le top 5, voire l’une d’elles sur le podium. Nous avons réalisé deux bons résultats au Mans grâce à la fiabilité. Il faut maintenant ajouter les performances des dernières manches. Si nous combinons les deux et évitons les erreurs, nous pouvons viser le top 5. J’ai un petit rituel au Mans : quitter la piste pour manger dehors, pour échapper au chaos… et j’adore ça !’’

Du coup difficile de faire plus langue de bois. Rien ne transpire, se dit mais nul doute que quelque part dans le paddock Peugeot, quelques ingénieurs travaillent à une riposte efficace. Avec sans doute une stratégie évidente : démontrer en essais combien les voitures françaises sont handicapées par les législateurs.
Jean Michel LE ROY
Photos : Willy CHANTELOUP- Thierry COULIBALY]]>