Nous allons clore notre série « hivernage – endurance » par une visite dans le Team moto, le plus titré qui soit, puisqu’il faut au minimum … 5 feuillets complets pour résumer l’exceptionnel palmarès, établi par le SUZUKI ENDURANVCE RACING TEAM (SERT) entre 1980 et aujourd’hui !Qu’on en juge !… 11 titres de Champion du monde, deux fois vainqueur des Masters d’endurance et une fois de la Coupe du monde, le SERT a également gagné pas moins de… 15 Bol d’Or et 7 fois les 24 heures du Mans, obtenu des victoires ou des podiums dans toutes les courses du Mugello à Donington, du Nurburgring à Spa , de Suzuka à Doha, d’Albacete à Assen, de Vallelunga au Mans ou bien encore, de Magny cours à Oschersleben.Quand on arrive dans les bureaux de l’écurie qui se trouvent, à quelques centaines de mètres du circuit Bugatti au Mans, on est quasiment entouré de Trophées dans des vitrines, sur des étagères et l’on voyage dans le temps comme sur la carte du monde, en lisant les plaques mentionnant la course, le lieu, l’année. Par ailleurs, une collection absolument formidable ajoute au mythe d’un Team de légende.Il s’agit des motos qui ont remporté ces titres.
COLLECTION DES SUZUKI DU SERT

Complicité Meliand Peyre
HISTORIQUE ET STRUCTURE
Le parcours de Dominique MELIAND est peu ordinaire. Rien ne le destinait à devenir le pape de l’endurance moto, le sorcier d’un team au palmarès incroyable, la référence écoutée par les instances fédérales, le manager exigeant avec lequel tout pilote rêve de courir, le stratège rusé dont les autres teams redoutent les astuces et le chouchou du public avec lequel il communique en toute simplicité.Dominique MELIAND a connu une autre vie avant le SERT, et pourtant la moto déjà tenait une part originale dans sa vie professionnelle. Entré en 1965 comme agent technique au Gaz de France, notre ami est déjà chatouillé par le virus moto et s’inscrit en 1968 à la première école de pilotage du genre au circuit Bugatti. En 1969, il dispute sa première course d’endurance, les 1000 kilomètres du Mans sur BSA. Ensuite il poursuivra sur des TRIUMPH, avec des cadres DRESDA ou EGLI et avoue « s’être bien amusé y compris en course de côte, mais n’avoir pas un grand talent ».Belle pièce de collection

Au Bol d’Or 1978

Doublé au Bol d’Or 1980

Moteurs de gloire

3 mécaniciens à temps plein se répartissent la charge de travail : préparation, développement, montage, exploitation. Jean Paul VOISIN (dit P’tit Paulo ,30 ans de maison) et Pascal CADIOU (25 ans de maison) traitent des questions de châssis et du montage, alors que Jean Paul BOISGONTIER (dit Grand Paulo,29 ans de maison), travaille toutes les questions inhérentes au moteur.
Pause café a l’atelier au SERT

BILAN SUCCINCT 2011
Après avoir évoqué, toujours avec u brin d’émotion, des événements qui nous ont réunis, et avant de revenir au quotidien actuel du SERT, il faut retracer à grands traits la saison passé
Dominique Meliand

2011 Suzuka

Ensuite, il fallait que les choses se déroulent bien …
On est arrivé aux 24 heures Mans et là grand coup de Trafalgar. En effet le mardi des essais je perdais deux pilotes. L’un déclarant forfait n’étant pas remis de certaines chutes de la saison. Donc le matin boum un coup derrière la tête et le mardi à midi, grosse chute de Vincent qui reste sur le tapis et ne peut pas faire la course… Le mardi midi : moins deux pilotes ; le mardi soir : moins une moto puisque mon japonais coupait la moto en deux ! Mais coup de chance il ne se cassait pas ! Situation compliquée ! En Angleterre et en Allemagne aucun pilote disponible pour ne cause de championnat. Au Japon, j’avais des pilotes, mais aucun avion pour m’amener un pilote en temps et en heure pour les vérifications administratives et techniques. Je me suis retrouvé dans l’obligation de piocher un pilote au Junior Team Baptiste GUITTET qui s’en est super bien sorti, mais il me manquait mon atout principal ( Vincent Philippe) , donc on a limité les dégâts. On fait une très belle place (2 ème) mais ce n’est pas la meilleure place. Donc nous avions au championnat un petit handicap de points à résoudre lors de la dernière course de la saison à DOHA. Là c’est vrai qu’on a joué un peu un va tout. J’avais récupéré mes pilotes et là en gros il fallait se lancer dans la bagarre pour faire que les concurrents – qui nous embêtaient beaucoup- se laissent emmener vers des erreurs possibles. C’est ce qui s’est passé. Vincent a fait un début de course éclatant, il est parti bille en tête alors que tout le monde nous voyait un peu sur les genoux
Vincent Philippe au Qatar

ORIENTATIONS ET OBJECTIFS 2012
« Chez nous tu le sais bien, orientations et objectifs c’est toujours très simple : on ne participe pas aux courses, on vient les gagner. Alors on va dire oh là là quel prétentieux, on va dire il a la tête grosse comme une pastèque. Non. Mon travail à moi, il est que je dois faire la meilleure moto du plateau, avoir les meilleurs pilotes. Avec cela je ne peux pas avoir d’autre objectif que celui de gagner Du moins ça c’est le prévisionnel , après, à nous staff technique de nous plier à la fois aux pilotes et aux conditions de la course et aux erreurs que l’on ne doit pas faire pour que justement on puisse rendre à César ce qui appartient à César, c’est-à-dire à Suzuki la victoire. »SALLE DES TROPHÉES ET BOLS D’OR…
CALENDRIER
14 et 15 avril 2012 : France, Bol d’Or10 Juin 2012 : Espagne, 8H d’Albacete 29 Juillet 2012 : Japon, 8H de Suzuka12 Aout 2012 : Allemagne, 8 H d’Oschersleben08 et 09 Septembre 2012 France, 24H du Mans« Si l’on parle de calendrier on sait que depuis l’année dernière il y a eu une inversion de dates entre le Bol d’Or et les 24 heures du Mans, inversion que l’on retrouve cette saison. Bien ? Pas bien ? Les avis divergent. Pour ma part, je préférerai les 24 h en ouverture de saison pour des raisons techniques, disons de facilité pour nous. Pour les pilotes, une mise en jambes c’est plus facile de la faire au Mans que sur le circuit de Magny-Cours qui est beaucoup plus fatigant et exigeant. A part cette restriction , j’ai un calendrier qui nous plairait un peu mieux cette année puisqu’on retrouve DOHA au milieu de la saison au lieu de mi – novembre qui allonge la saison et nous bloque justement pour l’arrière saison. Donc un calendrier pas si mal que cela cette année, même si nous sommes plusieurs à avoir souhaité une épreuve de plus qui aurait étoffé le championnat. Voilà mon seul regret, il nous manque une épreuve. »On avait parlé de l’Angleterre ?« Dans les années 85-90 l’Angleterre était partie prenante de l’Endurance, ensuite il y a une coupure , puis depuis 2004, chaque année l’Angleterre inscrit une épreuve au calendrier puis … se retire on ne peut plus trop compter sur l’Angleterre… On pourrait mettre des courses comme en Chine, moi je serai d’accord de retourner en Chine. Après se pose la question de la prise en charge pour les équipes privées (la majeure partie du plateau). Il faudrait trouver des aides et cette décision ne peut être que politique. »ON FAIT QUOI EN HIVER ?Organisation généraleComme le souligne Dominique MELIAND « avec une fin de saison de courses au 15 novembre, et le temps nécessaire pour faire un peu souffler les gars et pour remettre le matériel en état , le 15 décembre est tout de suite arrivé . A cette date, alors tout est en stand by pour ce qui concerne l’établissement d’un projet, d’un programme et d’un budget.
P Cadiou

Préparation logistique
L’absence de Rémi oblige le chef à se pencher sur les questions de transport, de réservation de chambres, à gérer les pass ,les parkings … mais c’est P’tit Paulo qui jongle avec les transporteurs pour les liaisons techniques et envois de pièces avec SHOWA en Belgique et avec l’usine SUZUKI du Japon. Comment il dit simplement « on fait attention aux coûts, mais aussi aux délais car on court toujours un peu avec le temps. »Budget
Sans provocation aucune mais avec une franchise de bon aloi, Dominique annonce d’entrée de jeu :« Si on n’avait pas eu le titre en 2011 il est certain que nous n’aurions pas couru en 2012. Pour autant, au jour d’aujourd’hui je n’ai pas de budget. François ETERLE directeur marketing à Suzuki France cherche encore à le réunir….Pour les pilotes, je tiens à ce qu’ils aient leur contrat en direct avec SUZUKI. Mais pour le team, il faut bon an mal an 600 000 euros. Il faut dire que chez nous avec les anciennetés de nos mécaniciens, la masse salariale est importante, mais il faut savoir ce que l’on veut ! »AtelierL’atelier proprement dit est très vaste. Trois secteurs distincts accueillent : le montage des machines, le montage des moteurs et toute la partie usinage. De nombreuses alvéoles périphériques permettent le stockage et une zone est dévolue au banc moteur.Atelier du SERT

« Tu sais on part d’une moto de série et ici on est capable de tout faire. Pour rationaliser les choses nous avons trois types de fabrication pourrait on dire : nos besoins en pièces d’usine, les pièces résultant de nos travaux de développement et qui nécessitent une haute précision et les bricoles : douilles, rondelles entretoises que l’on demande au Lycée Sud du Mans. A l’atelier toutes les pièces en mécano soudure et en tôle comme les supports, les boitiers…Les masters des réservoirs 24 litres sont faits sur place. Chaque fin de saison l’hiver se présente de la même façon, il faut vite penser à la moto suivante et cela constitue une somme de boulot très importante », poursuit le boss, laissant à P’tit Paulo le soin de nous préciser les choses.
Cadres

« On s’occupe de la formation des jeunes (du Junior Team auquel nous consacrerons un sujet), on prépare des moteur d’essais et on fait un peu de tri sur toutes les pièces de la saison précédente qui peuvent servir pour la saison à venir. »
JP Boisgontier

Les Pilotes
Aujourd’hui, tu n’as toujours pas de troisième pilote, pourquoi?« Oui effectivement si les choses sont bouclées avec Vincent PHILIPPE et Anthony DELHALLE et il manque un pilote. Le troisième larron de la saison 2011, mon japonais (SAKAI), voulait arrêter la course, ce qu’il a fait. Je me suis mis en chasse.. J’avais trouvé des gens de l’endurance, français ou pas et puis au fur et à mesure il y a eu des bâtons dans les roues. J’ai perdu l’un, j’ai perdu l’autre, ça s’est pas fait avec le troisième, le quatrième a changé d’idée et puis ce matin un dernier a déclaré forfait parce qu’il a remplacé un pilote à Daytona et que ses services ayant été appréciés il va courir là bas…Je repars à la chasse…J’aimerais trouver quelqu’un de haut niveau qui soit capable de rivaliser directement avec Vincent (PHILIPPE) et avoir une image… mais à cette période, je ne peux pas faire malgré tout le difficile. »Un second enregistrement a été effectué le 23 mars sur ce même sujet des pilotes.« Il se trouve que notre équipage va être au complet dès cet après midi avec les évidences comme Vincent PHIILIPPE et Anthony DELHALLE et puis Fabien FORET. On avait déjà envisagé de travailler ensemble et puis Fabien a eu cette opportunité en mondial en 600, ça avait un petit peu arrêté notre élan. Là on a reprit contact, il a pu trouver un arrangement avec son team, il va pouvoir participer au Bol d’or avec nous te j’en suis très heureux. Pour une saison ça me parait très difficile en raison d’une concordance de dates pour certaines épreuves. »Vincent Philippe, Fabien Foret Antony Delhalle

Les essais
Le chef déclare d’entrée « ne jamais faire autant d’essais que l’on voudrait en raison des contrainte financières. » Pour mieux assurer la rentabilité des essais, ils sont en général prévus sur 2 jours ce qui en plus permet aussi de sécuriser l’opération si les conditions sont trop mauvaises. Cet hiver, le circuit de Mireval propriété de Goodyear maison mère de Dunlop, a été privilégié en raison des conditions avantageuses faites au SERT. Si 5 séances ont eu lieu, les essais envisagés en Espagne et à Nogaro ont été annulés par manque de budget. Il est pourtant important de pouvoir s‘étalonner sur des circuits de course ce qui a été le cas avec le Pré Bol.Autre regard sur ces essais celui de Jean Paul Voisin qui s’interroge de savoir s’il y a vraiment un hiver.
JP Voisin

ÉVALUATION PROSPECTIVE
Avec sa formidable expérience, Dominique commente pour motonewsinfo le plateau 2012 en ces termes :« Tu l’as bien constaté en 2010 et 2011 on avait un plateau qui commençait à s’étoffer et avec des concurrents aux dents longues. Je pense qu’en 2012 elles seront encore plus acérées. Dans un plateau il faudrait discerner la partie technique(les motos) et la gestion d’une équipe de compétition. En endurance pour avoir des résultats c’est avoir une moto pas si mal que ça et avoir une équipe qui elle est au top. Si l’on a une très bonne équipe sans la moto ou une bonne moto sans l’équipe, on handicape beaucoup le résultat. Alors lançons-nous. Ce que je vais dire n’a rien de méchant. Prenons BMW qui a une très très bonne moto, au niveau de la puissance aussi, électroniquement elle est au top, peut être y a-t-il une question de fiabilité à surveiller sur les courses de 24 heures. Ensuite chez BMW : l’équipe. En gros une équipe remaniée depuis 2011 ; ça reste quand même un handicap si cette équipe n’est pas vraiment soudée … maintenant on fait parfois des miracles ,mais je ne sais pas si l’Endurance a besoin de miracles , elle a besoin de gens techniquement au top.Dominique Meliand au bureau

Moto 2011 évolution

Les ravitaillements un atout majeur
