Nous avons assisté à la victoire incontestable de la FCC TSR Honda France N°5, moto pilotée avec brio par le duo Corentin Pérolari et Alan Techer qui ont dominé, sur un tracé très délicat, leurs adversaires lors de cette seconde manche du Championnat du monde FIM EWC d’endurance 2025.
Ils ont même poussé à la faute, la Yamaha du Yart, la N°7 qui a par ailleurs multiplié les erreurs dans ce bras de fer disputé sur le célèbre toboggan des Ardennes Belge dans des conditions climatiques pluvieuses et changeantes.
Si Gregg Black qui avait réalisé la pole, s’élançait en tête, comme à son habitude, au guidon de la Suzuki Yoshimura N°1, Corentin Pérolari le dépassait immédiatement au virage des Combes, malgré les nombreuses plaques d’humidité qui subsistaient.
Au premier passage la Honda N°5 imprimait déjà la cadence en s’adjugeant bientôt le tour le plus rapide (2’20.680) à 274 km/h.
Guintoli qui avait raté son départ avec sa BMW N°37, tout comme Fritz sur la Yart N°7, effectuait une belle remontée en s’emparant à son tour du record (2’19.950) et de la seconde place avec Fritz dans son sillage.
Au bout de 30 minutes de course nous trouvions les 4 premiers en six secondes mais Gregg Black peinait déjà à suivre avec une “équerre” effectuée au virage de La Source.
Damien Saulnier le manager chez Suzuki Yoshimura confiait:
« L’idée était de partir dans le bon groupe en se mêlant à la tête et en évitant les chutes. Il faudra être patient. Surtout ne pas répéter le Mans! »
Après les premiers ravitaillements les premières gouttes pointaient sans faire ralentir la cadence de Reitterberger qui avait succédé à Guintoli sur la 37 et améliorait le meilleur tour aussi (2’19.950).
LE YART PREND LA TÊTE APRÈS LA PREMIÈRE HEURE
Au 24ème tour Karel Hanika dépassait Alan Techer mais notre quarté de tête 7-5-37-1, en slicks Bridgestone tendres, se tenait toujours en une poignée de secondes en alignant des chronos semblables en 2’20.
En catégorie Superstock, Mercado occupait la tête au guidon de la BMW N°9 Tecmas MRP. La National Motos N°55 était pointée 6ème.
Stéphane Haddadj le manager prenait la situation avec philosophie:
« Le but est de terminer la course. C’est un circuit où les capacités des pilotes donnent des chances très larges. Il faut garder le rythme en faisant attention. La pluie va arriver, je prends le temps comme il vient.Il ne faut pas s’affoler avec ces épisodes pluvieux très courts ».
14 H 00: L’HEURE DES SECONDS RAVITAILLEMENTS
Le rythme de la course était lancé et les seconds ravitaillements se succédaient avant la pluie! Au Yart une roue AR récalcitrante demandera dix secondes de trop à rattraper sur la piste pour Marvin Fritz!
La Yamaha N°99 Elf Marc VDS/ KM99 avait trop tiré sur la réserve. Marino, fulminant, était en panne d’essence et devait attendre la dépanneuse!
Randy De Puniet casqué attendait le retour de la 99 et avouait:
« C’était le tour où il devait rentrer! Le début de saison n’est pas simple pour nous… » Il repartira 27ème en ayant perdu cinq tours.
14H30: APRÈS 2 HEURES DE COURSE LE YART PERD LA MAIN
Les stratégies sont semblables sur la Honda 5 et la Yamaha 7. Le choix avait été fait de mettre sur la touche les pilotes aux brassards rouge (Hada et O’Halloran) pour ce début de course endiablé. Pérolaris qui avait succédé à Techer enfonçait le clou après qu’un soucis technique retardait le changement de roue sur la 7. La Honda repassait en tête avec 24 secondes de bonus sur la Yamaha et la Suzuki Yoshimura avec Linfoot dont c’était le premier relai en course depuis l’an dernier. La grosse pluie était annoncée pour 15H par les radars. Les stands étaient en alertes avec les pneus pluie en chauffe et deux gommes (tendre ou dure) à choisir selon le choix des stratèges et surtout des pilotes. Sylvain Guintoli était tendu avant son relai: « Ça va se jouer sur la stratégie. Il va falloir anticiper. On essaye de calculer ce qui va se passer. »
Alan Techer effectuait un tout droit et Linfoot se plaignait que la Yoshimura réagissait trop brutalement…
Avait-on garder les réglages pour le sec?
Toutes les motos s’arrêtaient à leurs box pour passer les rainurés mais la pluie ne s’abattait que sur la moitié du circuit. Au Yart on appliquait le plan B avec le 3ème pilote Anglais Jason O’Halloran qui entrait dans l’arène aux trousses de Sylvain Guintoli qui occupait la tête de l’épreuve avec quelques petites secondes d’avance sur la Yamaha du Yart, 22 sur la FCC et 62 sur la Yoshimura avec un Gregg Black visiblement pas à l’aise. Serait-ce le cauchemar de ses quatre chutes au Mans qui le paralysait?
15H00: LA GROSSE PLUIE ARRIVE: O’HALLORAN COMME UN POISSON DANS L’EAU!
Au 77ème tour, O’Hallaran imposait la Yart en tête avec des chronos surréalistes plus rapides de cinq secondes au tour que la concurrence. Sylvain Guintoli levait le bras! Sa BMW en aquaplaning se transformait en aéroglisseur avec les secondes qui s’envolaient à chaque boucle mais la direction de course n’enverra jamais le Safety Car. A 16h08, après 23 tours couverts à un rythme endiablé la Yamaha du Yart ravitaillait et on demandait à son extraterrestre de reprendre de nouveau du service!
16H30: 4 MOTOS DANS LE MÊME TOUR
A la mi-course, le Yart possèdait 26 secondes d’avance sur la BMW de Reitterberger, 38 sur la Honda FCC N°5 de Perolaris, 2minutes sur la Suzuki Yoshimura N°1 de Masson et 1 tour sur la Kawasaki N°11 de Di Miglio. La pluie s’éloignait et la piste s’asséchant, les pneus pluie tendre allaient souffrir…16H45: 100 TOURS COUVERTS ET UNE ENQUÊTE OUVERTE SUR LE YART
Une enquête était ouverte par un commissaire de stand lors du dernier relai de la Yart. Reitterberger qui avait passé le guidon de la BMW 37 à Odendaal 3ème à 57 sec se confiait: « C’était vraiment difficile avec les pneus tendres lorsque la pluie s’est arrêtée. La moto était très nerveuse. Il va falloir réfléchir du bon choix maintenant. »Vers 17h00, la pluie réapparaissait très fortement…et un bras de fer s’engageait entre les trois premiers (Fritz N°7, Techer N°5 et Odendaal N°37) qui roulaient en 2’42.900 alors que Linfoot N°1 P4 et Di Miglio N°11 P5 perdaient six secondes par tour sur les leaders. Enorme? Oui et non sur un tel tracé de près de 7kms.
17H37: FRITZ CHUTE. 18H10: STOP & GO DE 10 SECONDES POUR LE YART: LE SORT S’ACHARNE!
Au 121ème tour Marvin Fritz perdait l’avant de la Yamaha N°7 et lâchait vingt secondes sur Techer et Odendaal qui recollaient à vingt-cinq et vingt-huit secondes du leader. Le sort allait s’acharner sur le Yart qui était averti de devoir observer un Stop & Go de 10secondes. En effet lors du dernier plein d’essence, O’Hallaran avait enclenché avec la main le sélecteur de vitesse ce qui est strictement interdit. Les écrans passaient en boucle le geste maudit! Personne, pas même le pilote, ne doit toucher à la moto durant cette procédure. A 18h15 la N°7 observait sa pénalité et perdait ainsi 45 secondes bêtement. La Honda FCC N°5 reprenait la tête de la course avec un avantage de trente-six secondes mais la lutte s’intensifiait et en quinze tours la 7 repassait première tant O’Hallaran semblait au-dessus des nuages et intouchable à la régulière…
18H59:O’HALLARAN PART À LA FAUTE: LES JEUX SONT FAITS!
Au tour 152, O’Hallaran passait par-dessus la Yamaha. Il avait du mal à relever sa moto mais pouvait heureusement revenir à son stand pour réparer. Seulement trois minutes quinze étaient nécessaires pour remettre la N°7 en état mais Karel Hanika repartait 4ème à 1 tour de la Honda FCC N°5 qui caracolait devant dorénavant. La troisième marche du podium étant occupée par la Yoshimura N°1 avec une marge de trente secondes d’avance. Allait-elle avoir les possibilités de défendre ce pécule?
Mandy Kainz le boss du Yart déclarait:
« Cette course nous a mis à rude épreuve. Tout ce que l’on voulait éviter est arrivé! Il nous faut déjà finir la course avant de parler de Suzuka! »
Hanika faisait le job en reprenant la 3ème place à la Yoshimura N°1 à 19h37 mais l’amertume était réelle après l’arrivée
Jason O’Hallaran avouait: « Je pensais que ça allait tourner en notre faveur. Pas de chance, il faut se contenter de ça… Je suis vraiment déçu de ma chute. La Kawasaki a élargi un peu et j’ai fait un high-side. »
Et Marvin Fritz de conclure:
« Jason avait fait un tel travail! Il faut être content en regardant le championnat car nous sommes toujours les premiers. »
La messe était dite!
FCC TSR HONDA FRANCE RENOUE AVEC UNE VICTOIRE MÉRITÉE
A 20h01, Corentin Pérolari passait le relai pour les ultimes tours de piste à son équipier Alan Techer qui allait avoir la lourde responsabilité de conclure leur superbe prestation face à une concurrence qui a soit multiplier les bourdes ou qui était dans l’incapacité technique de se défendre.
Bravo à l’équipe de Masakazu Fujii San, le patron de TSR, qui empochait les 30 points en renouant avec un succès digne de l’époque où son équipe s’imposait aux 8 heures de Suzuka (2006-2011-2012), où lorsque pour la première fois un team Japonais s’imposait comme en 2018 au Championnat du monde d’endurance avec, cerise sur le gâteau, la victoire au Bol d’or ou bien encore lorsqu’elle remportait les 24 Heures du Mans motos en 2020 et 2023.
Cette N°5 a fait plier le Yart qui a multiplié les erreurs et effectué un arrêt supplémentaire ave en outre la chute de trop!
Honda terminait les 188 tours couverts avec 50 secondes d’avance sur la BMW N°37 qui n’a pas à rougir de cette seconde place réalisée avec leur nouvelle monte Bridgestone.
Les choses se mettent en place (comme le confiait Odendaal) car il n’est pas simple de changer de manufacturier et d’adapter de nouveaux réglages.
A noter le meilleur tour réalisé en course pourtant par Sylvain Guintoli (2’19.140).
Sylvain très tendu sur cette course lâchait, à défaut d’un sourire, enfin un mot:
« A un moment c’était un peu dangereux. Hier j’avais dit que ça allait être brutal et ça l’a été! Sur le mouillé il nous en manquait un peu. »
Que dire de la prestation calamiteuse de la Suzuki Yoshimura Sert N°1 qui n’a jamais permis à ses pilotes de jouer les premiers rôles en course après la pole et le départ en tête de Gregg Black? L’équipe technique Yoshimura n’a sans-doute pas mis le doigt sur le défaut d’adaptation à la pluie.
La Suzuki terminait le job 4ème à 1 tour et demi des leaders et à 1 minute 10 du Yart. Elle devançait de trois tours la Kawasaki Webike Trickstar N°11 qui malgré un sans-faute et seulement 8 relais effectués n’a jamais été en mesure, peut-être par manque de puissance, de jouer les premiers rôles tout comme sa poursuivante, la BMW ERC N°6 équipé par Dunlop, qui terminait aux basques de la Kawasaki.
Le Tati team AVA6 racing, privée de ses pilotes de pointe blessés, prenait la 7ème place à cinq tours et le team Bolliger N°8 s’adjugeait la 9ème place au général à 6 tours. Ces deux EWC étaient équipées par Pirelli et étaient devancées par les leaders de la catégorie Superstock équipée par Dunlop.
EWC: LES DERNIERS MOTS AUX VAINQUEURS
Corentin Perolari remportait son premier succès en endurance et était très heureux à l’arrivée: « Je suis ému…Bravo à l’équipe. On est allé la chercher cette victoire! Quant à Alan Techer il lâchait: « Je ne peux pas expliquer! Nous étions très rapides sur le sec et sur le mouillé aussi! » Taïga Hada leur coéquipier Japonais et qui était parti à la faute aux 24 Heures du Mans n’a pas du tout roulé lors de ces 8heures mais, par esprit d’équipe, posait sur la photo et prenait part à la célébration du podium. Au Championnat du monde par équipe, le Yart Yamaha totalise 88 points et devance la Kawasaki Webike Trickstar avec 70 points, le BMW Motorrad avec 69 points et le FCC TSR Honda France qui en compte 58 points à égalité avec le ERC endurance. Le Suzuki Yoshimura Sert, Champion du monde en titre occupe la 6ème place seulement avec 52 points devant la Maxxess By BMRT 3D 40 points.
SUPERSTOCK: VICTOIRE INCONTESTABLE DE LA BMW CHAMPION-MRP-TECMAS
Cette BMW N°9 a effectué un sans-faute avec son trio de pilotes (Bühn-Soomer-Mercado) très en verve dans des conditions difficiles. Cette formation qui débutait sa saison à Spa, devance de 1 tour la Yamaha N°18 des Pompiers et la National Motos Honda FMA N°55 qui conforte sa position de leader de la Coupe du Monde suite à l’abandon du Dafy Rac 41.
Au classement de cette Coupe du monde, National Motos possède désormais 81 points contre 60 points au Team 18.
Le manager Berrichon du Tecmas vainqueur, Arnaud Sassone avouait à l’arrivée:
« Première victoire ici à Spa et 8ème au général, quoi espérer de mieux! Il a fallu faire les bons choix de pneus aux bons moments. »
PRODUCTION: NOUVELLE VICTOIRE POUR LA YAMAHA SUPERMOTO
Avec 163 tours couverts, la Yamaha N°222 du Supermoto s’adjuge une nouvelle victoire, après le Mans, en précédant de 3 tours la Kawasaki de l’écurie Artec N°199 et de 5 tours, la Kawasaki N°42 du Green Team. Avec 97 points le team Supermoto devance l’équipe Artec (79 points) et le Green team (31 points) au FIM Production World Trophy.
La troisième épreuve du FIM EWC d’endurance aura lieu le Dimanche 3 Août au pays du soleil levant avec les 8 Heures de Suzuka.
Texte / Michel PICARD
Photos : Paulo GALEGO – FIM GOOD SHOOT
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