A 86 ans bien sonnés, l’ancien pilote de Grand Prix, l’Ecossais Jackie STEWART, est actuellement le plus ancien vainqueur de GP encore en vie.
Triple Champion du Monde (1969-1971-1973) il affiche aussi 27 victoires à son actif au cours de sa carrière en catégorie reine qui s’étale de 1965 à 1973.
Après les décès de Stirling MOSS en 2020 et de Tony BROOKS en 2022, ‘Sir STEWART est actuellement le seul vainqueur de Grand Prix des années 60’ encore en vie, précédent dorénavant un autre vaillant octogénaire depuis le 1er janvier 2025, le Belge Jacky ICKX !
Quant au plus ancien pilote de GP encore en vie, le franco-brésilien Hermano Joao da SILVA RAMOS qui deviendra centenaire le 7 décembre prochain, il reste 4 ans à STEWART pour le rejoindre.
Si l’Ecossais, qui au cours de sa vie a toujours porté dignement le tartan, véritable symbole de l’identité des Highlanders Ecossais, connus pour leur courage et fierté, s’il est venu au sport automobile, rappelons que ce n’est pas tout à fait par hasard !
N’ayant pu poursuivre sa scolarité après 16 ans, celui que l’on prénommait ‘John Young, avant le diminutif de Jackie utilisé par la suite, parce que souffrant de légasthénie (trouble du langage) il se voyait contraint d’opter pour un métier plutôt que de hautes études.
Sportivement doué pour le tir au clays, sport très populaire en Ecosse à l’époque et pour lequel il loupa même d’un fifrelin une qualification pour les JO (Jeux Olympiques) de Rome en 1960, l’attirance pour le sport automobile fut lié à ce qui allait devenir son job depuis qu’il avait intégré l’atelier mécanique exploité par son père à Milton, au nord de Glasgow.
Amené à effectuer des essais de voitures sur des circuits de compétition, un trait d’union s’établit rapidement entre son travail et sa passion naissante pour la mécanique et la vitesse en plus d’un frère plus âgé, qui avait déjà mis le pied à l’étrier de la compétition mais qui victime d’un accident sérieux au Mans, avait quelque peu refroidi l’engouement familial pour ce sport.

Néanmoins, le jeune Jackie persistait au point de se faire un nom grâce à la voiture de sport d’un client de la maison sur laquelle il s’illustrait au point de se lier d’amitié avec la fille du boulanger de son quartier, une certaine Helen Mc Gregor, devenue assez vite sa femme depuis 63 ans.
Grâce à un client compétiteur du garage paternel avec enseigne JAGUAR, Jackie eut l’occasion régulièrement de s’occuper de la mise au point des voitures sport de ce compétiteur qui en remerciement du travail qu’il réalisait lui permit de participer sur ses voitures à l’une ou l’autre épreuve en circuit.
Des occasions que l’apprenti mécano, metteur au point et pilote saisit sans hésitation au point de se faire remarquer rapidement par un style de pilotage qui ne laissait aucun de doute quant à ses qualités puisqu’ entre 1961 et 1967, le petit Ecossais aux yeux espiègle disputa principalement des épreuves de voitures de sport couvertes en version sprint et endurance !
Au volant des marques, telles Aston-Martin DB4 GT, Jaguar E Type, Cooper Monaco, Tojero, Lotus Elan, Ferrari 275 P2, 250 LM et P4, Ford GT40 ou Rover BRM à Turbine…
Remportant au total 17 victoires en utilisant le pseudonyme de A.N.Other (un autre) à certaines épreuves et ce afin de ne pas trop éveiller l’attention de ses proches…
Mais pseudonyme ou pas, le pilote STEWART fut repéré en 1964 par Louis STANLEY, propriétaire de l’écurie BRM pour être titularisé chez eux dès 1965.

Une saison au cours de laquelle le débutant Ecossais profita du GP d’Italie à Monza pour ouvrir son compteur ‘’victoires’’, la première de ses 27 au total lors de sa carrière et qu’il renouvellera l’année suivante au GP de Monaco, toujours chez BRM !!
Team qu’il quittera cependant fin 1967, pour rejoindre l’équipe Bleue de FRANCE, MATRA sous la férule de Ken TYRRELL… Et ce sur insistance de son frère Jimmy qui l’avait vivement recommandé au marchand de bois d’ Ockham.
C’est avec l’équipe TYRRELL que l’Ecossais jamais avare de victoires, remporta son premier titre mondial en 1969, sur des MATRA MS 10 et MS 80, entièrement construites en France, ce qui reste à ce jour unique, hormis FERRARI et MERCEDES, sinon toutes les autres voitures Championnes trouvent leurs origines en Grande-Bretagne !
1970 voit la collaboration MATRA-TYRRELL se rompre, ce dernier se tournant vers le nouveau venu en F1, le constructeur Britannique MARCH, qui ne permettra cependant pas à STEWART de remporter plus qu’un unique maigrichon succès, au GP d’Espagne à Jarama, le circuit proche de MADRID.

L’année suivante Ken TYRRELL déçu de MARCH décide de construire sa propre voiture, la TYRRELL 001 sur laquelle STEWART renouera avec les succès en remportant six au total, ce qui lui permettra d’emmagasiner son deuxième titre de Champion du Monde en 1971.
Un titre qu’il ne parvint pas à défendre en 1972, face à la LOTUS d’Emerson FITTIPALDI, mais ses quatre succès sur la TYRRELL 003 et 005, lui permirent toutefois de terminer dauphin du pilote Brésilien.
1973, comme il l’annonça en début de saison serait sa dernière en F1 et en préparant son jeune fidèle lieutenant, le pilote Français François CEVERT, à devenir son successeur chez TYRRELL.
Sur une monoplace TYRRELL 006 bien née, STEWART remporta non seulement cinq Grands Prix mais dès le GP d’Allemagne à la mi- saison, il s’assura quasiment déjà son 3ème titre mondial qui ne pouvait plus lui échapper, lors du dernier de la saison disputé aux USA, à Watkins Glen, le 7 octobre ’73 et qui aurait dû être son 100ème GP, pour terminer sa carrière en beauté.

Malheureusement il n’eut pas cet honneur puisqu’aux essais du samedi, la veille le samedi 6 octobre, son équipier chez TYRRELL, le grand espoir François CEVERT trouvait la mort lors d’une sortie de piste et suite à quoi l’équipe de Kenn TYRRELL et Jackie STEWART décidèrent de déclarer forfait et ne pas s’aligner au départ en signe de deuil.
Certes STEWART remportait son 3ème titre, mais il aurait de loin souhaité terminer sa carrière en F1, d’une autre manière que dans la tristesse et de telles circonstances.
Par la suite l’Ecossais ne resta pas inactif malgré sa retraite anticipée en devenant ‘Ambassadeur pour une série de commanditaires en F1, comme MOET, ROLEX-TAG HEUER, LVMH ou FORD.

Ou encore comme consultant pour des chaînes TV en continuant traverser les océans comme auparavant et en créant ensuite sa propre écurie en F1 en 1996, conjointement avec l’un de ses deux fils, Paul.

µLequel, lui-même avec le paternel s’était déjà aventuré sur ce terrain à partir de 1988 avec le PSR (Paul Stewart Racing) en F3000 – l’ancienne F2 – avant de devoir remiser définitivement son écurie suite à des problèmes de santé, Paul devant faire face à un traitement lourd pour combattre un cancer du colon.

Dès 1997, la nouvelle écurie STEWART RACING, basée à Milton Keynes, grâce à l’appui financier de FORD et du banquier de HONG KONG, HSBC, fit son entrée en catégorie reine avec un châssis siglé SF 01.
Mais souffrant d’une boîte de vitesse fort fragile l’équipe néanmoins ‘néophyte terminait 9ème au classement ‘’constructeurs’’.
L’année 1999 s’avèrera meilleure avec une STEWART SF 3 retravaillée qui aux mains de Rubens BARRICHELLO et de Johnny HERBERT, laisse entrevoir de meilleurs espoirs en permettant même au pilote anglais Johnny HERBERT … de remporter contre toute attente le GP d’Europe au Nürburgring.
VICTOIRE qui restera comme le seul exploit de l’écurie puisque en fin d’année FORD racheta STEWART RACING pour en faire JAGUAR RACING à partir de 2000 et qui deviendra ensuite… RED BULL RACING, cinq ans plus tard, l’écurie à succès que l’on connaît actuellement.
Si en F1, il existait un arbre généalogique on pourrait donc conclure que l’aïeul de l’écurie RED BULL RACING actuelle est donc bien STEWART RACING à la base.
Plus discret dans les paddocks entretemps, Jackie STEWART n’en continue pas moins de s’impliquer dorénavant dans la fondation crée en 2016 en collaboration avec l’université de Cambridge dénommée RACE AGAIN-ST DEMENTIA pour mieux combattre la démence, dont souffre hélas son épouse Helen et diagnostiqué en 2014, à la suite d’un accident de voiture.
Happy Birthday Jackie !
Manfred GIET
Photos : Publiracing Agency
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