
1er juillet 2023 … Le pilote Français Simon Pagenaud, ancien Champion de la prestigieuse série des monoplaces US de l’Indycar Séries, sacré en 2016, puis ensuite victorieux de l’épreuve la plus célèbre au monde, avec le Grand Prix de Monaco de F1 et les 24 Heures du Mans, celle de l’Indy 500, les fameuses 500 miles à Indianapolis, était victime d’un terrible crash…

Un accident épouvantable, effroyable, survenu lors de la manche disputée sur la piste de Mid-Ohio.
Où, victime de problèmes de freins, il avait perdu le contrôle de sa Dallara-Honda de l’équipe Meyer Shank à très haute vitesse avant de partir dans une impressionnante série de tonneaux et de s’immobiliser dans un mur de pneus.
ll aurait alors encaissé un choc de 88 G (88 fois le poids de son corps) et si le natif de Montmorillon dans le département de la Vienne, s’en sortait sans réels dégâts physiques apparents, l’ancien vainqueur des 500 Miles à Indianapolis 2019 et du Championnat en 2016, souffre depuis de séquelles d’une commotion cérébrale qui l’empêchent de reprendre la compétition.

Lui qui l’avait entamé brillamment en Europe en endurance, triomphant entre autres au volant de l’inoubliable Peugeot 908, à deux reprises aux 1000 km de Spa, en 2009 et 2010, tout en participant parallèlement aussi victorieusement en ALMS (American Le Mans Séries) avec Acura aux USA.
Orientant ensuite et avec succès, sa carrière vers l’Indycar. Tout en poursuivant en endurance l’emportant ces dernières années aux 24 Heures de Daytona en 2022 et 2023, encore et toujours avec Acura.

Depuis Simon Pagenaud, s’exprime relativement peu dans les medias se contentant des réseaux sociaux, où il évoque parfois le drame qui a momentanément ? mis fin à sa brillante carriére.
« À Mid-Ohio, il y a maintenant deux ans, ma vie a radicalement changé. Parfois, j’ai du mal à accepter ce qu’il s’est passé, je suis cependant reconnaissant d’être encore là et de progresser chaque jour. Les lésions cérébrales sont encore peu comprises et, à travers ce parcours du combattant, j’ai beaucoup appris sur moi-même, l’athlète, le papa. Alors que je continue ma rééducation, un de mes plus gros challenges fut d’accepter mon nouveau « normal » et de ne pouvoir opérer à mon plus haut niveau. Je suis un battant et je vais continuer de me pousser dans mes retranchements pour atteindre mes objectifs »
Depuis Mid-Ohio, le temps s’est figé pour Simon Pagenaud. Les jours s’enchainent sans certitude, rythmés par les symptômes d’une commotion cérébrale persistante, alternant entre les vertiges, les troubles de la concentration, occasionnant une fatigue extrême.
« Je voulais rouler, mais mon corps disait non. Mon cerveau n’était plus en phase avec mon envie de piloter ».
Du coup, terrible situation pour l’ancien Champion IndyCar et vainqueur de l’Indy 500… Lequel voyait son avenir s’assombrir. Plus d’appel des patrons d’équipes. Plus de plan, plus d’offres. Juste la réalité de l’inconfort d’un quotidien soudainement devenu incertain, pour un pilote dont la carrière semblait devenue définitivement au point mort !
C’est alors que Dame chance a surgi et que soudainement le destin s’est manifesté… Lorsque le téléphone a sonné !
C’est Rob Buckner, le directeur du programme IndyCar de Chevrolet, qui le contactait. L’idée intégrer Simon Pagenaud comme pilote de développement en simulateur au Charlotte Technical Center de la GM à Charlotte en Caroline.
Simon Pagenaud a repris son habit de lumière, enfilant casque et combinaison, comme il l’a fait des centaines de fois au cours de sa carrière.
Mais, ce jour-là, l’ancien Champion IndyCar 2016 et lauréat de l’Indy 500 en mai 2019, s’apprêtait à repiloter enfin et pour la toute première fois depuis l’épouvantable accident de ce 1er juillet 2023, dans le virage N°4 du tracé de Mid-Ohio, survenu au volant de sa Dallara-Honda N°60 du Meyer Shank pendant les essais libres.

Malgré le HANS, les tonneaux à 175 m/ph, avaient laissé de profondes séquelles : Commotion sérieuse, migraines violentes, nausées… Autant de signaux qui indiquaient depuis, mois aprés mois; que son corps n’était pas encore prêt.
« Cette offre, cet appel c’était exactement ce dont j’avais besoin. Mon téléphone ne sonnait plus. Et un jour, Rob. Il m’a soutenu avant même qu’on parle de simulateur. On a toujours eu une relation spéciale. »
Pagenaud rappelons-le et précisons-le, lors de ses triomphes en Indycar, pilotait une monoplace Dallara à moteur Chevy de Chevrolet de la GM, donc !
Chez GM, les simulateurs DIL (Driver-In-the-Loop) en boucle fermée sont de véritables concentrés de très haute technologie. Reproductions réalistes des circuits, simulateurs dynamiques à mouvements complets, retour de force surdimensionné… De quoi tester les limites des réglages et du pilote.
Pour Simon Pagenaud, cela devient une thérapie inespérée mais suffisamment immersif pour stimuler ses capacités cognitives. Une rééducation active, calibrée, sécurisée.
« C’est probablement la thérapie la plus efficace que j’aie jamais suivie. Coordination œil-main, perception des mouvements, fatigue mentale… tout est mobilisé sans le risque physique. »
Au fil des séances, le Français regagne en confiance et en lucidité. Son retour technique s’avère précieux pour les ingénieurs de Chevrolet, d’autant plus qu’il peut tester les configurations de différentes équipes. Un luxe dans un paddock où chaque détail compte.
Simon Pagenaud, loin des projecteurs, continue donc à se rééduquer au volant
Mais surtout, ce nouveau rôle lui a surtout permis de retrouver l’essence de ce qui fait de lui un grand pilote : la volonté, la patience, la précision et l’amour de la course.
Le reverra t’on un jour au départ en course? Qui peut actuellement l’assurer ? Le but de Simon Pagenaud reste pour l’heure de retrouver toutes les sensations de son métier de pilote !

Rappelons encore que le dimanche matin 26 mai 2024, Simon lors de l’hommage au pilote Brésilien Gil de Ferran, décédé le 29 décembre 2023, Simon qui fit longtemps équipe avec lui en endurance, a conduit la monoplace G-force iconique de Gil de Ferran au volant de laquelle Gil a gagné les 500 miles d’Indianapolis en 2003 avec le team Penske, une voiture dont le département Penske Restauration, avait pris soin depuis.
Simon effectuant un tour du légendaire Indianapolis Motor Speedway dans sa monoplace en hommage à Gil.
Simon et Gil ont été proches pendant près de deux décennies, Gil étant le mentor du jeune Français lorsqu’il est arrivé aux États-Unis. Ils pouvaient passer des heures à discuter et Simon appelait Gil son Yoda.
Peter GRISWOLD
Photos ; INDYCAR – TEAM