VINCENT PHILIPPE : Grande concentration avant le départ du dernier BOL D’OR

Pole Position
L’intensité de cette course a été portée à son maximum par le fait, qu’après la chute de Vincent PHILIPPE sur la SUZUKI N° 1 le samedi vers 18h30, tout le monde s’interrogeait sur la capacité à cet équipage réduit à deux (FORET et DELHALLE) à continuer bien longtemps à croiser le fer avec la KAWASAKI N° 11, qui caracolait en tète, avec plus de 4 tours d’avance….
SERT P2
Mais la course est terminée avec les résultats que l’on connait et nous voulons revenir sur le parcours de celui qui, victime de la chute, a voulu rester près de ses coéquipiers, avec lesquels il partagea les lauriers d’une seconde place exceptionnelle, au vu des circonstances.
Nous avons suivi pas à pas l’évolution de la santé de Vincent PHILIPPE et avons pu effectuer avec lui, un point de son état de santé en date du 23 avril.
Mais reprenons avec Vincent, joint au téléphone alors qu’il anime un stage de pilotage sur le circuit de Dijon Prenois, le fil des événements, qu’il a la gentillesse d’accompagner d’un commentaire.
Samedi 14 avril 18h 48 : CHUTE au 126ème tour

« Je ramène la moto, je sais alors déja très bien ce que j’ai. Passage par infirmerie du circuit, puis je vais faire une radio à l’hôpital de Nevers. Retour au circuit vers 21h30 avec un « clavicular » (anneaux claviculaires) pour mise en tension de la fracture. J’ai un peu le moral dans les chaussettes. En fait, dès que j’ai rentré la moto au stand, je savais que c’était injouable de remonter sur la moto, j’avais en septembre dernier connu déjà une fracture de la clavicule … alors !
Samedi 14 avril minuit : DÉPART A L’HOTEL
« J’ai suivi un peu la course sur mon ordi et j’avais hâte de revenir ».
Dimanche 15 avril matin : RETOUR AU STAND
« J’étais à bloc avec l’équipe à suivre la course au tour par tour. Je ne pensais pas que mes coéquipiers allaient tenir physiquement jusqu’au bout. Ce qu’ils ont fait c’est vraiment top »
Vincent Philippe rassure ses proches

Dimanche 15 avril soir : RETOUR A LA MAISON (dans le département du Doubs)
Lundi 16 avril midi : RENDEZ VOUS AVEC LE CHIRURGIEN
Vincent PHILIPPE est reçu par le Docteur Gilles DREYFUS –SCHMIDT.
« Moi j’étais très motivé pour l’opération. J’ai connu la même chose en septembre et je savais qu’il me fallait deux mois pour me remettre correctement et encore, pour être très performant au niveau de la moto ça allait être compliqué.. Sans hésitation, le chirurgien m’indique qu’il faut absolument opérer parce que la fracture est très déplacée, que c’est la deuxième fois et donc qu’il faut absolument renforcer tout ça pour une consolidation rapide. Je suis satisfait du bilan. Je savais qu’avec cette décision je pourrais récupérer très vite. »
Mardi 17 avril matin: ENTRÉE A LA CLINIQUE Saint Vincent à Besançon
Sans doute parce que cette clinique porte le prénom du pilote ou alors en raison de la protection de Saint Vincent, pour les vignerons, en tout cas notre blessé, sourire dans la voix, nous indique :
« J’aime bien y aller, c’est une belle clinique, je suis vraiment bien pris en charge là bas , malheureusement ils me connaissent et je suis toujours le bienvenu.. »
Mardi 17 avril 12h30 : OPÉRATION
« J’ai été opéré sur le coup de midi et demi et me suis réveillé vers 14h30. Enfin réveillé est un bien grand mot, en effet j’ai mis presque deux jours à me réveiller. J’ai effectivement ouvert les yeux vers 14h 30 mais je me suis réveillé effectivement le lendemain à midi. »
Mercredi 18 avril avant midi : SORTIE DE LA CLINIQUE
« Je sors donc avec du gros matériel sur la clavicule droite : une broche au milieu de la fracture, une plaque par-dessus la clavicule avec 6 vis. Normalement ça devrait être solide. »
Jeudi 19 avril : REPOS
« Journée complète de repos. Après une belle opération comme celle là, il faut quand même se remettre un peu .Je n’éprouvais pas de grosse douleur mais beaucoup de tension dans le cou, dans l’omoplate, sans doute une remise en place des muscles , des tendons , des ligaments . »
Vendredi 20 avril : REPRISE ACTIVITE SUR HOME TRAINER
« Après une première séance de kiné, je m’aperçois que ça fonctionne pas mal, alors j’enchaine avec une séance de vélo d’appartement. Je constate ainsi que je peux faire des gestes assez facilement, ça va pas mal… »
Samedi 21 avril : COURSE CONTRE LA MONTRE A VÉLO
« Ben oui, je remonte sur un vélo, parce que j’avais très envie de me laver la tête, parce que je me sentais bien sur le vélo au niveau de la position , parce qu’ en course contre la montre ça n’était pas dangereux étant seul sur mon vélo et aussi parce que c’était mon club le JURA CYCLISME qui organisait l’épreuve. (Vincent est coureur classé en 1ère catégorie).En fait tout s’est bien passé. Ça m’a fait du bien. Quand tu te sens éloigné des circuits et aussi de la préparation physique que tu fais d’habitude, tu prends un grand coup au moral. Ensuite, lorsque tu vois rapidement que tu peux faire des choses, le désir est décuplé, c’est vraiment sympa ! »
Vincent Philippe 4 jours après son opération Dimanche 22 avril : SORTIE VELO AVEC LES COPAINS« Coupler une activité physique avec le plaisir d’être entre copains, c’est forcément bon pour le moral. »
Lundi 23 avril : STAGE PILOTAGE A DIJON
« Une journée de stage de pilotage était prévue. Le temps plus que médiocre n’a pas incité les motards à venir nombreux, alors des copains font du roulage et je vais accompagner deux débutants de mes conseils, mais sans monter une machine. En fin d’après midi je rentrerai à vélo (une centaine de kilomètres) à la maison, avant la séance de kiné quotidienne. »
Vincent Philippe formateur sur le circuit de Dijon
Le programme à venir est tout aussi simple. Vincent PHILIPPE a pour objectif de participer à la seconde manche du Championnat de France Superbike en fin de semaine à Nogaro. En conséquence, il va travailler avec le kiné pour retrouver souplesse et agilité au niveau des épaules, et peaufiner sa condition physique avec des sorties à vélo.
Vincent se projette vers cette reprise en ces termes :
« Donc vendredi Nogaro, championnat de France avec une météo annoncée pas terrible… Je pense que techniquement et physiquement, je suis capable de le faire. Il absolument pas que je retombe, ce sera la difficulté du week-end. Maitriser, les conditions de piste en fonction de la météo et les autres en piste voila ce que je vais devoir gérer pour faire une course pour moi. Pour cette course là, je ne me donne aucun objectif, je veux juste remonter sur une moto, rouler, reprendre confiance… pour relancer la saison qui vient à peine de débuter. »
Avant de clore notre entretien téléphonique, nous revenons à l’endurance en évoquant le troisième pilote qui disputera les épreuves du Qatar et du Japon, et les héros du Bol ses amis Fabien FORET et Anthony DELHALLE.
« Nous allons rouler avec Yukio KAGAYAMA, un pilote très expérimenté qui roule au Japon avec les pneus DUNLOP, ce qui sera très important pour nous. On n’a pas vraiment communiqué avec Fabien, mais malgré une course -la plus dure qu’il ait connue– il est content, s’est régalé et souhaite revenir avec nous… pour enfin gagner. Il m’a dit avoir bien galéré en course ce dimanche en Championnat du monde 600, à Assen, il a chuté en course , mais m’a dit que ça allait.
LES PILOTES DU SERT
Anthony a enchainé une semaine très difficile entre des essais pour Moto revue et ce pour l’élection de la Moto de l’année et deux jours d’essais pour des pneus de développement en Championnat de France Superbike, avec Dunlop. Ce fut très dur. Il a tenu quand même. »
Comme on peut le constater, les grands Champions développent des ressources psychiques et physiques incroyables.
Vincent PHILIPPE, malgré cette chute pour laquelle il reconnait avec franchise « peut être avoir voulu tellement bien faire, peu être trop », n’entend pas entraver, en quoique ce soit, sa saison sportive.
Nogaro en fin de semaine doit servir à caler les réglages de reprise sur une machine de course et, l’on sent bien que l’esprit de compétition est toujours extrêmement vivace.
Vincent Philippe et Gilles Gaignault
A la veille du Bol le pilote, aux 6 titres de Champion du monde et aux 7 Bols d’or, avait tenu à inviter toute l’équipe du SERT pour marquer ses 10 ans de carrière dans cette écurie.
Au cours de cette petite cérémonie, empreinte de la plus grande simplicité mais aussi chargée d’émotion, Vincent remerciait toute la bande à MELIAND, qui à son tour remerciait Vincent pour sa fidélité, ses performances et les larmes aux yeux l’étreignait, en lui déclarant
« Et puis en plus de tout, tu es un mec bien. »
Vincent Philippe 10 ans avec le SERT

On a vu ce qu’un esprit d’équipe, aussi fort que celui développé au SERT, pouvait apporter comme ressources à des pilotes sublimés par l’enjeu d’une impossible victoire après le coup du sort qui les avait frappés.
On voit encore aujourd’hui, en quoi ces pilotes sont hors normes. Un mental à toute épreuve, une détermination farouche à vouloir courir et gagner, une exigence physique de tous les instants, voila des ingrédients que Vincent PHILIPPE trouve tout naturel de mixer, pour reprendre, moins de 15 jours après cette maudite chute, le guidon d’une machine de course.
On ne peut qu’être admiratif d’un tel Champion mais aussi comprendre les réticences de sa mère « la Fafa », à le voir remonter en selle.
Sportif de haut niveau, son fils est aussi un Champion d’exception et la compétition, reste sa raison de vivre toute sa passion.
Alors, nous guetterons, tout comme elle, les résultats de Nogaro.
Bonne reprise au numéro 1 de l’endurance et rendez-vous tout au long du Championnat du monde, car l’objectif –à défaut du 8ème Bol raté- reste bien évidemment un … 7ème titre mondial !
Texte : Alain MONNOT
Photos : Alain MONNOT, Michel PICARD et Guy PHILIPPE
]]>